Dimanche soir morose dans un café parisien, accoudée au comptoir, un smartphone vibre : « le chanteur Lou Reed est mort à l'âge de 71 ans. » Un choc finalement, le départ de celui qui a fait vibrer nos adolescences sur Take a walk on a wild side, grâce auquel nous avons versé tant de larmes de dépit amoureux en écoutant Perfect day ...
Rapidement, bien évidemment, les propos fusent, et le monothématisme médiatique s'installe. Mais cette fois, deux camps se sont dressés, les encenseurs contre les critiques acerbes. Bien sûr, les artistes se sont rapidement épanchés sur twitter, et de l'avis de tous, « Il restera toujours un artiste de référence » comme le précisait Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France et grand « fan de rock », sur France 3 Ile-de-France.
Mais, très vite, les critiques ont également fusé. Lou Reed avait en effet très mauvaise réputation (particulièrement dans les médias qu'il malmenait ouvertement) comme le précise http://www.lexpress.fr/culture/musique/rock/lou-reed-aux-deux-visages_1294678.html">Eric : « Le cauchemar après le rêve : Lou Reed avait une réputation justifiée de mauvais coucheur, en particulier avec les journalistes. Pas usurpée. Si je me souviens bien, j'avais eu le droit à 1/4 d'heures. Soit 18 "yes" et 12 "no", à la louche. Rien d'autre: pas une réponse audible à me mettre sous le micro, la gueule, un type hostile, fermé, désagréable. Un fiasco. Même musicalement, j'ai mis du temps à ne plus lui en vouloir. ». Cette citation, parmi tant d'autres (la liste est longue) a en effet ravivé l'autre flamme du musicien de génie. Le Huffingtonpost a même publié http://www.lexpress.fr/culture/musique/rock/lou-reed-aux-deux-visages_1294678.html">Eric. Bref, comme à chaque disparition, toute la réalité d'une vie est mise sous les feux des projecteurs.
Finalement, tout cela importe peu. Ce qui m'a plutôt interpellée, c'est la maîtrise de la photographie par Lou Reed, art qu'il a commencé à explorer vers 19 ans. La renommée de l'artiste en tant que musicien était telle, que beaucoup ignorent le fait que Lou Reed était également photographe. Mais comme il le disait très justement auhttp://www.lexpress.fr/culture/musique/rock/lou-reed-aux-deux-visages_1294678.html">Ericdans une interview rééditée par le site à l'occasion de sa mort, lorsque le journaliste avance « La plupart des gens ne savent pas que vous êtes aussi photographe » il répond alors « Et alors? Ca change quoi? Je ne connais pas la plupart des gens ».
En novembre 2012, il publie en effet un ouvrage intitulé http://www.lexpress.fr/culture/musique/rock/lou-reed-aux-deux-visages_1294678.html">Erichttp://www.lexpress.fr/culture/musique/rock/lou-reed-aux-deux-visages_1294678.html">Eric, un recueil de 300 photographies retraçant son œuvre. En présentation de l'ouvrage, ces mots de l'artistes en disent long « Ces photos représentent mes aventures avec la lumière, en partant des années 1960 avec Andy Warhol pour arriver jusqu’à aujourd’hui. J’ai débuté par des photogrammes. Je possédais une caméra vidéo trafiquée afin d’obtenir des contrastes extrêmes comme dans les photos de Billy Name. J’avais installé douze rangées de téléviseurs empilés sur cinq niveaux, qui passaient des cassettes conçues spécialement à cet effet. On aurait dit des glaciers tournoyant et se réinventant sans cesse quand je jouais devant eux sur scène. J’ai fait mes armes avec de nombreux appareils et toutes sortes d’objectifs dans ma quête de la joie et de la beauté. »
Ainsi, les mots peuvent fuser sur la vie de débauche de Lou Reed, ses addictions à la drogue, sa probable bisexualité. Pour ma part, l'émerveillement réside dans ces images d'une incroyable beauté, qui clôturent avec panache l'histoire d'un artiste accompli.
© Lou Reed
© Lou Reed
Claire Mayer