Cette semaine, un nouveau rachat venait marquer l'histoire de la photographie, celui de Kodak.
En effet, cette entité de la photographie, fondée en 1881 par George Eastman, avait déposé le bilan au début de l'année 2012. L'enchère de ses brevets a été une guerre ouverte entre Apple et Samsung, et le bout du tunnel ne semblait pas approcher pour la grande marque. A une époque où les films photos ne sont plus monnaie courante, difficile de se renouveler et de sauver l'entreprise. Pourtant, grâce à l'intervention d'un investisseur, Kodak a sauvé sa peau, tout en changeant – bien évidemment – de nom. Ainsi, un vent nouveau souffle sur celle que l'on appellera désormais Kodak Alaris.
Mais l'arrivée d'investisseurs pour un rachat in extremis est monnaie courante, et il a permis le sauvetage de grandes entités de l'univers photographique. Rappelons ainsi Ilford Imaging Switzerland, Leica qui parvenait difficilement à entrer dans l'ère du numérique et qui a reçu un soutien financier non négligeable, ou encore Polaroid, dont les usines ont été rachetées par onze de ses anciens employés pour lancer « The Impossible Project ».
Au-delà même des grandes marques de la photographies, ce sont également les agences (comme Sipa rachetée par Rex Features et Isopix en début d'année 2013, ou encore Sygma reprise par Corbis l'entreprise de Bill Gates en 1999) qui survivent grâce à une intervention extérieure. Dans l'ouvrage de Michel Setboun 40 ans de photojournalisme : génération Sygma, Jean-Louis Gazinaire le confie « L'homme le plus riche du monde réduira peu à peu l'agence à une banque d'images. Sygma s'était bâtie avec l'ardeur des hommes, elle est morte de l'obsession du profit. »
En effet, la question se pose quant à ces sauvetages non dénués d’intérêt : permettent-ils, finalement, de permettre à une entité de perdurer et de continuer sa marche dans l'Histoire, ou au contraire la pousse-t-elle dans les placards des souvenirs et de la nostalgie ?
Claire Mayer