Un homme devant un immeuble désaffecté en feu après une frappe aérienne de l'armée sytienne dans le quartier Ain Tarma de Damas. Autrefois pleines de vie, ces banlieues sont aujourd'hui désertées : se
Certes, il ne s'agit pas d'une originalité éditoriale incroyable se moqueront certains. Mais il est difficile de ne pas évoquer ici la question d'une éventuelle intervention en Syrie, quand pas une journée ne s'écoule sans qu'une nouvelle information ne parvienne jusqu'aux oreilles aiguisées des médias. Pire encore, quand, dans une rédaction comme la nôtre, chaque jour s'affiche devant nos yeux un nouveau reportage, des images du conflit, de reporters téméraires. Ce matin encore, l'on nous soumettait un nouvel ouvrage photographique, Syria The War Within, d'Olof Jarlbro. Un beau travail, des photos consternantes d'horreur et de souffrance.
Cette année, lors du 25e Festival International de photojournalisme Visa pour l'image, la question syrienne était bien évidemment sur toutes les lèvres. Jerôme Sessini présentait « Les rues d'Alep », Sebastiano Tomada « La vie et la mort à Alep » et Goran Tomasevic « Combat ». Sans compter bien sûr les projections, et conférences...
Chacun y va de son avis, tant et si bien qu'il est difficile de s'en faire un, réellement. Beaucoup de questions restent en suspens.. Quelles seraient les conséquences réelles d'une intervention en Syrie ? Bachar el-Assad a-t-il vraiment orchestré les attaques chimiques contre son propre peuple ? Qui sont ces nombreux groupuscules qui gravitent autour ou au détour des armées rebelles ? Que penser de la proposition hypocrite et faussement intéressée de la Russie sur le démantèlement des armes chimiques, saluée par Barack Obama lui-même, ennemi juré du régime de Poutine ? Surtout, que pense le peuple syrien ?
Phil Moore, que nous avons rencontré à l'occasion de son exposition « Un cycle de violence – le M23 en RDC » présentée à Visa pour l'image, nous a confié tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « Je ne sais pas si il faut intervenir en Syrie. Mais ce que je sais, c'est qu'il faut faire quelque chose. »
Combien de reporters devront encore déambuler dans les rues syriennes dévastées avant que le conflit puisse trouver une issue ?
Une chose est sûre, deux ans et demi de guerre, une crise humanitaire qualifiée de « sans précédent depuis le génocide rwandais, avec un afflux de réfugiés tel qu'il n'en avait plus été constaté depuis 20 ans », plus de 100 000 morts.
Alors oui, la Syrie, encore la Syrie. Mais ne lâchons rien tant que tout continuera à empirer. Et une fois de plus, merci à tous ceux qui mettent leur vie en péril pour dénoncer et témoigner.
Claire Mayer