
L'on pourrait croire qu'il s'agit d'une bande de copains, presque heureux et décontractés. Des sourires, un cadre verdoyant et plutôt agréable, un soupçon d'insouciance. Pourtant, là peut être l'envers d'un discours photographique. Ces 8 copains ne le sont pas véritablement, et l’absence de cravate montre uniquement l'hypocrisie d'une atmosphère détendue.
Car, en réalité, sur cette image, il s'agit des personnalités politiques de huit des plus grandes puissances mondiales : Barack Obama (Etats-Unis), François Hollande (France), Vladimir Poutine (Russie), Shinzō Abe (Japon), Angela Merkel (Allemagne), David Cameron (Royaume-Uni), Enrico Letta (Italie) et Stephen Harper (Canada), réunis à Lough Erne, en Irlande du Nord pour le sommet annuel du G8.
Des sourires, encore de la décontraction, et pourtant. Sujet crucial de l'édition 2013, la Syrie, dont l'utilisation d'armes chimiques par les forces de Bachar el-Assad a poussé la communauté internationale à vouloir agir. Mais sur ce sujet, le vilain canard du groupe s'est heurté aux sept autres qui se croient sans doute beaucoup plus exemplaires. En effet, Vladimir Poutine n'a pas voulu entendre raison, et a proclamé désirer continuer à fournir des armes au régime syrien, malgré les protestations – pas très dissuasives apparemment – des sept autres pays membres du G8. L'ambiance paraissait glaciale en fond, avec le dirigeant de la Fédération de Russie, accepté en 1998 dans la communauté crée en 1975.
Quarante-huit heures pour aborder - entre autres puisque l'évasion fiscale faisait partie des hautes considérations de la bande des 8 – la question du conflit syrien qui dure depuis.. 2 ans. C'est court, très court, pour arriver bien évidemment à un maigre résultat, annoncé sur le http://www.gouvernement.fr/gouvernement/le-sommet-du-g8-des-17-et-18-juin-2013">site : « S’agissant de la crise syrienne, le G8 a exprimé son soutien au projet de conférence « Genève II ». Un accord a également été trouvé pour condamner l’utilisation des armes chimiques et pour demander le libre accès aux enquêteurs de l’ONU, qui devront faire rapport au conseil de sécurité. Le contre-terrorisme était également à l’ordre du jour des discussions. »
Seul point positif, et seule et unique entente collégiale des huit, l'aide humanitaire de 1,5 milliards de dollars destiné à la population syrienne.
C'est tout de même bien maigre, lorsque l'on pense aux 93 000 morts de ce conflit, et au nombre croissant des 1,6 million de réfugiés.
Ainsi, l'hypocrisie de cette réunion de puissants dirigeants venus au Royaume-Uni en apparence pour sauver le monde du mal, mais surtout défendre la vénalité de leurs échanges commerciaux, est toute trouvée sur ces nombreuses images illustrant le G8.
L'image est à double tranchant, car elle peut également montrer en apparence un message qui n'est pas celui attendu. Ainsi est sa force et l'utilisation que l'on doit lui trouver, de démasquer l'hypocrisie cachée, pour mieux la dénoncer.
Claire Mayer