© Claire Mayer
La tâche éditoriale d'un article de ce genre est souvent ardue. L'actualité est dense, le choix rude.
Cette semaine par exemple, les évènements n'ont pas manqués à l'appel : descente policière à Grigny pour débusquer les cow-boys du RER D, hospitalisation de Nelson Mandela, mise en examen de Nicolas Sarkozy et menaces de mort à l'encontre du juge Jean-Michel Gentil, débordements lors de la manifestation anti mariage pour tous à Paris, enlisement inquiétant de la crise à Chypre, et la crise, oui, celle-là même, encore et toujours, avec un président français en baisse menaçante dans les sondages et dans le cœur des français, qui tentera de rassurer ce soir à la télévision..
Au milieu de toutes ces informations, le divertissement, encore, œillère du mal-vivant ambiant. Je n'ai qu'à vous dire « Allo ! » ou « Joue la comme Boutin » et vous souriez déjà, vous rappelant ces récentes distractions.
Hier s'ouvrait au grand palais l'édition 2013 de Paris Art Fair, grande foire d'art contemporain, bref événement incontournable de la sphère culturelle. 144 galeries d'art et de photographie réunies sous la nef du prestigieux lieu culturel parisien. Cette année, la Russie est à l'honneur, l'art russe foisonne donc sous la symbolique verrière. De belles images, des œuvres d'art éclectiques, et... beaucoup de monde.
Pourtant, en déambulant dans les allées de cette foire lors du vernissage, le temps s'est subitement arrêté. L'art est souvent lisse, et c'est comme enfermé dans une bulle que le grand palais vivait au rythme des bouteilles de champagne.
Alors, parfois il est important de se poser une question, et une seule : où se situe vraiment l'information ? Faut-il sans cesse fermer les yeux et subir, vivre de longanimité et de champagne, ou au contraire se réveiller, et voir ce qui heurte ?
Beaucoup de photographes se sont indignés et s'indignent encore quant à l'importance donnée à certaines informations. Il y a quelques mois, le célèbre photoreporter Don McCullin décidait, à 77 ans, de repartir sur le terrain, à Alep, en Syrie. Il confiait alors au Guardian son écoeurement face au désintéressement du public pour l'information, la vraie : « Personne ne veut voir des enfants en train de mourir. Ils veulent juste voir des talons hauts. Il n'est plus question que de célébrités. Les célébrités, les looks et la mode. Si je vois encore une autre photo de Gwyneth Paltrow, je vais enfoncer ma tête dans les toilettes. Des faux bronzages, les Beckham, Jamie Olivier. J'en ai marre de tout ça. C'est pour cela que je vais en Syrie. »
Yan Morvan nous confiait, il y a peu, cette même inquiétude... « L'image fixe doit apporter une réflexion, il faut arrêter de se laisser manipuler par la publicité ou des images sans intérêt... (…) Aujourd'hui, l'actualité est devenue un bombardement permanent, une propagande jouant sur les peurs des gens. Les gens vivent dans la peur, mais dans la vie quand on commence à avoir peur, on est fini … »
Claire Mayer