© Martial Cherrier
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
Martial Cherrier
Comme l’écrit dominique Quessada : « Martial cherrier n’est pas photographe, pas plus que peintre ou vidéaste, bien qu’il s’adonne avec bonheur à toutes ces pratiques artistiques. la matière de son art est la plastique elle-même:le corps, son propre corps. »
A travers des autoportraits et autoreprésentations photographiques, l’exposition retrace, de 1978 à aujourd’hui, la lente et progressive construction qui, par injection ou ingestion, transforme un corps normal en corps hypertrophié et singulier.
Mais elle illustre aussi l’impossibilité de s’affranchir de la détermination biologique. au narcissisme glorieux et flamboyant du début succède alors un narcissisme blessé et inquiet auquel seule l’œuvre d’art peut donner un statut. Un état d’urgence que Martial cherrier traduit avec lucidité et sans complaisance.
© Joel Meyerowitz
Joel Meyerowitz
Né en 1938 dans le bronx, Joel meyerowitz est l’archétype du new yorkais cultivé qui a embrassé son époque avec curiosité et empathie. Par son travail en couleur, il a révolutionné l’histoire de la photographie. A l’instar de William Eggleston ou de Stephen Shore, il a influencé de jeunes générations de photographes et particulièrement l’école allemande de Düsseldorf. C’est en 1962, à la suite de sa rencontre avec Robert Frank, qu’il commence à parcourir les rues de New York avec un appareil 35mm. Durant cette période il se lie d’amitié avec Garry Winogrand, Tony Ray-Jones, Lee Friedlander, Diane Arbus. Au milieu des années 1960, un long voyage en europe marque un tournant dans sa carrière et lui permet d’affirmer son style.
Mais ce n’est qu’au début des années 1970, qu’il se consacre exclusivement à la couleur. Son premier livre, Cape Light, dans lequel il explore les variations chromatiques au contact de la lumière, est considéré comme un ouvrage classique de la photographie.
Utilisant alternativement un appareil 35mm et une chambre Deardorff 20x25, Joel Meyerowitz développe à travers ces deux formats, qui définissent deux langages différents, une écriture originale. Il capture “l’instant décisif” avec son appareil 35mm, et révèle la beauté du réel en utilisant un temps beaucoup long avec la chambre grand format.
La rétrospective à la maison européenne de la photographie présente ses premiers travaux en noir et blanc et son travail en couleur, dont les images réalisées pendant neuf mois dans les ruines du World Trade Center à New York, après le 11 septembre 2001. Entre les années 1960 et les années 2000, l’œuvre de Joel Meyerowitz apparaît ainsi comme le chaînon manquant qui permet de mieux comprendre le passage définitif du noir et blanc à la couleur dans l’histoire de la photographie de la deuxième moitié du XXe siècle.
© Diana Michener
Diana Michener
« Dans l’obscurité la plus profonde, il est impossible de savoir quel est notre degré de sécurité et quels objets nous entourent… »
Edmund Burke
Dans ses photographies grand format, prises depuis une dizaine d’années, Diana michener explore l’aspect sombre de l’amour. Bien qu’elles soient incontestablement figuratives, ses images se situent aux frontières de l’abstraction. ces photographies en noir et blanc de corps entrelacés sont intentionnellement ambiguës, et même empreintes d’une certaine violence : ces couples sont-ils en train de faire l’amour ou sur le point de mourir, submergés sous l’eau ou flottant dans l’espace ? L’artiste s’approprie l’étude de nu, questionnée par les peintres depuis des siècles, au profit du flou, du grain, du bougé et du grand angle, pour que ses prises de vue sensuelles évoquent également un sentiment d’angoisse, et parfois de menace.
Diana michener est connue pour sa façon de documenter avec délicatesse des sujets difficiles, s’interrogeant souvent sur la mort. ses séries photographiques, commencées au début les années 1980, représentent des images luxuriantes, éthérées et envoûtantes. Parmi ses sujets on trouve des têtes de vaches, photographiées à l’instant même où elles sont abattues (Heads, 1985-1986), dont elle traduit la dignité mythique ; ainsi que des images troublantes de morts nés malformés dans des bocaux en verre (Foetus, 1987-1988) ou de cadavres au moment de l’autopsie (Corpus, 1993-1994), étrangement sereins. elle a également photographié des autoportraits (Morning after Morning, 1994, et Solitaire, 1997), des lutteurs qui s’affrontent (The Wrestlers, 2000-2001), et des flammes consommant des maisons, des statues ou des mannequins (Dogs, Fires, Me, 2004-2005), qui deviennent entre ses mains de moments réels de grâce.
© 10 ans Magazine
10 ans magazine
Depuis 10 ans, Images magazine propose tous les deux mois un panorama sélectif de la photographie contemporaine en portant un regard exigeant et didactique sur les événements et les personnalités qui font l’actualité dans les galeries, les musées, les festivals et les livres.
Depuis 10 ans, Images magazine montre la photographie dans toute sa diversité, pourvu qu’elle appartienne au champ des auteurs, qu’ils soient proches de l’art contemporain, du documentaire ou du photojournalisme ; qu’il s’agisse de découvertes, d’artistes confirmés ou de grands noms.
Ainsi, depuis 10 ans, Images, le magazine de la photographie et des auteurs contemporains, mène une réflexion sur les sujets qui font l’actualité à travers le regard et le point de vue des photographes.
© Claude Levêque
Claude Levêque
« Claude lévêque n’est pas un photographe, ni même un peintre-photographe comme boltanski, Gette, annette messager ou le Gac le furent dans les années 1970, mais un artiste qui photographie tout le temps, plus que les photographes peut-être, plus que les peintres-photographes certainement.
Ce qu’il enregistre est à la fois drôle et terrible, aigu et poétique. Constat parfois et parfois pas de côté dans le réel, en écho à l’oeuvre, faite, comme on le sait, de tensions entre des pôles contraires, où se mêlent et s’opposent violence et douceur, tendresse et terreur. avec l’humour, des éclats de rires sonores et même la gaminerie qui enchante tout cela et peut en bouleverser, parfois, la compréhension. Car si Claude lévêque donne à voir notre univers dans son aspect sinistre, impitoyable, en même temps l’enfance, ses rêves et ses peurs, hante cet univers heurté, aussi noir et doré que le sont les contes d’ogres et de fées.
Connaissant ces photographies depuis longtemps, j’ai proposé à jean-luc monterosso de les exposer : il avait déjà acquis de Claude lévêque, pour la meP, une vidéo qui sera projetée dans l’exposition. On n’y montrera aucun tirage encadré mais des images projetées selon différents rythmes, différents formats, accompagnées de deux néons, dans un dispositif intime cherchant à garder à ces images le statut qui est le leur: repérage, exploration, observation, recherche. il s’agit là d’un voyage en images dans l’univers d’un artiste. d’un artiste majeur, en France, aujourd’hui. d’un artiste qui nous livre ici en somme son “journal” ou son carnet de croquis.
Un instant de rêve, naturellement, est une antiphrase, procédé qui consiste à exprimer une idée par son contraire. »
Michel Nuridsany
Photos © Diana Michener © Joel Meyerowitz © Claude Levêque © 10 ans magazine
Vignette © Martial Cherrier
Plus d'informations sur http://www.mep-fr.org/