© Jacques Rouchon pour Leica
Ce n'est une nouvelle pour personne, le numérique a pris une place prépondérante dans la vie culturelle française. A l'heure actuelle, nombreux sont ceux qui lisent leurs ouvrages préférés sur tablette, regardent leurs films cultes sur leur ordinateur, ou téléchargent leurs derniers coups de cœur musicaux sur internet.
Seulement voilà, comment adapter ce bouleversement à l’archaïque vie culturelle française ? Tel est l'enjeu de la « mission Pierre Lescure » mise en place par Aurélie Filippetti et son ministère, chargé de la culture et de la communication. « Culture-acte 2 » s'est donné pour vocation de « réfléchir à la redéfinition des instruments de l'exception culturelle à l'ère numérique : les outils et les mécanismes mis en place dans les années 1980 pour favoriser la création et la diffusion des œuvres culturelles (du financement du cinéma et de la création audiovisuelle, jusqu'au prix unique du livre...), sont bousculés aujourd'hui par les modes de création et de diffusion numérique, par la transformation qu'opère la révolution numérique sur les relations entre les créateurs, les usagers et les fournisseurs d'accès et de services par internet. Il faut donc refonder l'exception culturelle dans ce nouvel environnement numérique, c'est le sens de cet Acte II de l'exception culturelle. La culture, même – ou surtout – à l'ère numérique, reste un bien qui n'est pas comme les autres. » Tels étaient, ce 6 décembre, les propos introductifs d'Aurélie Filippetti au « point presse bilan d'étape » donné à une assemblée de journalistes attentifs, qui attendait des réponses quant à l'évolution du projet.
C'est pourtant avec beaucoup de déception que les investigateurs présents ont écouté les propos de Filippetti et de Lescure. Le projet voit doucement le jour, les audiences ne sont pas encore arrivées à leur terme, et les questions restent nombreuses. En même temps, comme l'a précisé la ministre, « pendant que la mission Lescure travaille, mon ministère travaille aussi. » Bon.
En ce qui concerne la photographie, ils ont tous deux spécifié qu'elle « est probablement le secteur le plus profondément affecté par le développement du numérique : la frontière entre contenus professionnels et amateurs paraît de plus en plus brouillée et le droit d'auteur est remis en cause par le développement d'offres à prix modiques et forfaitaires.» Soit. Mais que ce soit lors de leur « bilan » ou dans le dossier récapitulatif de leur mission, aucune proposition n'est mentionnée, la photographie a beau être « le plus profondément affecté par le développement du numérique », les mesures semblent passer totalement en second plan. Ajoutons également que lors des audiences, 4 représentants de la photographie, et de 2 la presse ont été reçus par Pierre Lescure, contre 25 du cinéma et de l'audiovisuel, ou encore 19 de la musique et du spectacle ...
Pourtant, c'est une question essentielle pour la profession de photographe, qui est depuis longtemps un sujet épineux auquel il serait vivement souhaitable de réfléchir.
La révolution du numérique a du bon quant à la facilité d'accès de la culture au plus grand nombre. Mais il est capital de méditer rapidement à une solution aux problématiques qu'elle pose, avant qu'il ne soit trop tard...
Pour lire le blog de la mission « culture-acte 2 », rendez-vous sur http://www.culture-acte2.fr/
Claire Mayer