© Marc Riboud
Cette semaine, les médias ont tremblé. La publication de nouvelles caricatures de l'hebdomadaire Charlie Hebdo a eu l'effet escompté : on ne parle que de cela. Quelques jours seulement après la diffusion de "Innocence of Muslims", le film américain anti-islam, le journal satirique a surfé sur la vague du scandale, et profité de la brèche ouverte par le court-métrage pour faire à nouveau parler de lui.
L'opération marketing a en effet porté les fruits d'une campagne médiatique délicate et délibérée, qui a le mérite d'avoir fait des vagues.
Certes, la liberté d'expression doit rester le maillon central d'une liberté de la presse inébranlable. Cependant, une question, essentielle, se pose : sous couvert de « liberté », doit-on se permettre de tout dire et de tout montrer ?
Nous ne devons pas nous laisser intimider par des pressions politiques ou sociales qui empêcheraient les journalistes de s'exprimer, les photographes de montrer. Mais qu'en est-il du respect fondamental d'autrui, qui doit lui aussi être au centre d'un système démocratique ? Et surtout, comment peut-on imaginer, confortablement installés dans notre cocon français, que nos consoeurs à l'étranger ne subiront pas les séquelles d'un tel comportement ?
Les violences à l'étranger ont repris de plus belle depuis la publication de ces nouvelles caricatures. Il y a quelques jours, alors que je prenais des nouvelles d'un photo-reporter basé à Kaboul à la suite de l'attentat perpétré il y a deux jours, il m'a posé cette question : «J'ai entendu qu'un magazine français allait publier des caricatures de Mahomet, et qu'il y aurait de nouvelles vagues de violence. Est-ce vrai ? »
Nous devons lutter, sans cesse, pour que la liberté d'expression et surtout la liberté de la presse, perdure en France et s'étende là où on ne lui permet pas de s'exprimer. Mais comme disait le très grand Bouddha, « Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle? »
Claire Mayer