Cette semaine, l'actualité journalistique a été marquée par un événement d'une importance capitale : la censure des médias, en vigueur depuis 48 ans en Birmanie, a été levée par le gouvernement.
En effet, en 1962, le pays est secoué par le coup d'état militaire du général Ne Win, faisant de cette démocratie parlementaire un régime dictatorial sans précédent. Dans la lignée de ce nouveau régime, est instauré en 1964 une loi très dure censurant les médias birmans.
Effectivement, avant chaque publication, tous les supports de communications médiatiques devaient au préalable envoyer leurs « brouillons » au comité de censure qui décidait ou non de leur parution.
Mais le pays a heureusement évolué, et dans un sens positivement démocratique. En 2011, Thein Sein prend la tête du pays, mettant fin à presque cinquante ans de pouvoir militaire autoritaire. L'opposante au régime dictatorial Aung San Suu Kyi, assignée à de nombreuses reprises en résidence et emprisonnée maintes fois par le pouvoir en place, a été libérée en 2010, et a été autorisée à intégrer le gouvernement au poste de députée en mai dernier. Une première.
Mais ce n'est pas tout. Le 20 août 2012 est désormais à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de la Birmanie. La censure, qui écrasait les médias depuis 48 ans et deux semaines, a enfin été abolie. Considéré comme l'un des pays les pires en matières de liberté de la presse par Reporters sans frontière, c'est une véritable révolution qui semblerait être en marche en Birmanie. Le Département de l'enregistrement et de la surveillance de la presse (PSRD) du ministère de l'information « a autorisé les journaux dans la catégorie politique et religion à publier sans envoyer au préalable leurs brouillons » a indiqué le ministère sur son site internet.
La Birmanie est-elle en train de franchir un pas historique dans son retour à la démocratie ? Reporters sans frontière reste prudent sur cette question : « Reporters sans frontières exprime néanmoins sa prudence, en considérant en premier lieu que cette mesure devrait être élargie à l’ensemble des catégories de médias. L’organisation veillera à ce qu’aucune autre forme de censure, par des mesures inappropriées après publication, ne soit mise en œuvre. »
A suivre, en espérant que les (trop) nombreux pays brimant encore la liberté d'expression, suivent eux aussi le chemin pris par la Birmanie.
Claire Mayer