© Sara Imloul, Sans titre #14, 2011
Polka Galerie 12, rue Saint-Gilles 75003 Paris France
Catherine Balet - Strangers in the light
"L’ère numérique a été une inépuisable source d’inf!uence et d’information. Je souhaite seulement, par mes photographies,interroger la fulgurance de l’ère technologique qui semble avoir accéléré le temps de façon vertigineuse." Peintre de formation, Catherine Balet réalise avec la série Strangers in the Light une oeuvre paradoxale où se confrontent l’hypercommunication et la profonde solitude de notre quotidien. De la bougie à la tablette numérique, passé et modernité se mêlent dans des tableaux silencieux inspirés des grands maîtres de la peinture comme David, de La Tour, Constable ou Manet. Chaque composition est essentiellement éclairée à l’aide de la lueur des nouvelles technologies, ce nouveau clair-obscur de l’ère numérique. "La correspondance avec la peinture classique a été un fil conducteur au début de la série, explique Catherine Balet. Il s’agissait d’une inspiration et non d’une parodie. Avec le temps, le sujet a pris le dessus. Mon désir était de re!éter tous les domaines où la technologie avait pris une certaine inf!uence. » Membres d’une génération connectée, accros aux smartphones, les personnages de Catherine Balet se photographient dans des miroirs et prennent la pose pour exister sur les réseaux sociaux. Ils sont ensemble, dans la même pièce, mais ne se regardent jamais, trop absorbés par leur ref!et. « Mes modèles, accrochés à la prothèse numérique, sont en contemplation de leur vie à travers un écran, comme hypnotisés par un ailleurs. » Le paroxysme semble atteint avec la scène de la Nativité : à peine né, l’enfant est photographié sous tous les angles pour terminer sur Internet.
© Catherine Balet - Strangers in the Light #71 (2009)
Sara Imloul - Black Circus
Le Cirque noir de Sara Imloul est une plongée dans un univers étrange et onirique. Cette jeune photographe débute ce travail en 2008 en reprenant le procédé ancien de la calotypie. "Cette méthode m’oblige à tirer mes images par contact, la taille du tirage correspondant à la taille du négatif. Je retravaille ensuite les détails au pinceau avec différents produits chimiques, comme des petites peintures. Elles sont donc uniques, explique l’artiste. Je pense en négatif. Je dépose mentalement des tâches blanches, des zones de lumière, sur la page noire. Je pense en forme, en graphisme, en motifs, toujours blanc sur noir. C’est un jeu." Dans ce théâtre d’ombres et d’éclats se joue une rêverie ancienne. Fortement imprégnée des photographies du début du XXe siècle, nourrie des univers en marge de Sarah Moon, Joel-Peter Witkin, Christian Boltanski ou Miroslav Tichy, Sara aborde les territoires du souvenir, de l’ésotérisme et de l’imaginaire commun. Attachée à l’enfance, la jeune artiste s’amuse en chinant les vêtements et les éléments du décor qui donneront vie à ses petits théâtres inquiétants. Ses personnages sont souvent des amis proches, son appareil est un vieil appareil à souf!et. Chaque image lui demande un temps de pose de quarante-cinq secondes. Le Cirque noir présente ainsi une série de petits tirages (7 x 9 cm en moyenne) qui immergent le spectateur dans un monde en noir et blanc. La lumière coule dans le noir. Ses contours, mouvants, vibrent, délivrant ainsi un personnage presque animé. Inutile de chercher des repères. Les saynètes du Cirque noir sont hors du temps, comme un souvenir que rien n’offense.
© Sara Imloul - Sans titre #7 (2010)
Paulette Tavormina - Natura Morta
"Les natures mortes nous rappellent que le temps passe, que la vie est précieuse. Et elles racontent tellement de choses à propos de l’Histoire et de la vie d’un lieu et d’une époque." Le travail de Paulette Tavormina, photographe new-yorkaise, alterne entre photographie d’art et photographie publicitaire, que ce soit sur papier glacé ou pour des spots télévisuels. Très vite, elle se spécialise dans la photographie et le stylisme culinaire. Son savoir-faire est utilisé à travers le monde pour des films – tels que En pleine tempête avec Georges Clooney, Intrusion avec Johnny Depp ou encore Nixon avec Anthony Hopkins – ou pour des livres de cuisine en collaboration avec des grands chefs. La nature morte, Natura Morta, devient son sujet de prédilection. Pour cela, elle s’inspire des grands maîtres du genre –les peintres amands, espagnols et italiens du XVIIe siècle –, afin de reproduire ces mises en scènes poétiques et alléchantes.La photographe étudie avec le plus grand soin ses compositions : recherche du fruit parfait, emplacement adéquat de chaque légume, ajustement des fleurs, mise en scène de crabes ou de papillons, choix de faïence d’époque.
© Paulette Tavormina - Peonies
Vignette : © Sara Imloul