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Ecole Supérieure d'Arts et Médias-Caen 17 cours Caffarelli 14000 Caen France
Avec l’exposition Grands ensembles 1960-2010– Regards photographiques, l’école supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg suggère aujourd’hui que l’espace anthropologique de la photographie soit mis à contribution. Sur le passé, le présent et l’avenir de ces grands ensembles, elle propose que l’œil critique des publics savants et populaires s’interroge autrement. Elle a donc conçu la nécessité d’une exposition qui fait le double pari d’associer plusieurs langages photographiques et d’écrire une nouvelle histoire des grands ensembles. Le projet culturel de ce nouveau regard sur les grands ensembles devait être à la fois simple et ambitieux. Pour atteindre cet objectif, l’école supérieure d’arts & médias de Caen/Cherbourg a confié le commissariat et la scénographie à Paul Landauer et Kenneth Rabin. Le résultat probant de cette collaboration est celui d’une exposition itinérante qui va circuler à travers la France sous l’égide du ministère de la Culture et de la Communication.
Grands ensembles, 1960-2010 - Regards photographiques se propose de contribuer, à travers le regard de plusieurs photographes, à une histoire des grands ensembles. Les œuvres choisies captent la complexité des rapports qui se nouent entre les modes de vie
et les dimensions architecturales et paysagères inédites de ces quartiers d’habitation réalisés entre les années 60 et 70. L’exposition témoigne ainsi des innombrables visions dont les grands ensembles ont été l’objet, du simple geste quotidien à la prise de possession du territoire par l’architecture. Elle rend hommage aux acteurs qui se sont engagés dans leur construction aussi bien qu’aux habitants qui les ont fait vivre.
Les grands ensembles L’audace et la confiance de la France de l’Après-Guerre ont contribué à l’édification de près de quatre millions de logements répartis sur l’ensemble du territoire. Cette immense entreprise étatique occupa les forces vives de la France pendant près de vingt ans, permettant ainsi de résorber l’énorme crise du logement qui sévissait en France depuis la fin du XIXème siècle. Le chantier s’arrêta brusquement au moment du premier choc pétrolier au milieu des années 70, période à partir de laquelle on commença à réhabiliter, voire à démolir certaines barres ou certaines tours. L’architecture des grands ensembles fit alors l’objet de violentes critiques, appuyées par un retour aux valeurs de la ville traditionnelle. Le destin de ces quartiers fait encore l’objet de nombreux débats. Depuis quelques années, certains acteurs défendent une vision « patrimonialisante » qui considère ces opérations architecturales comme les témoins dignes de la période de la Croissance.
© Alex MacLean, 2010 pour le Ministère de la Culture et de la communication
Jean Pottier photographia les bidonvilles de Nanterre à la fin des années 1950. Inscrit dans la tradition française de la photographie humaniste, iI décrit avec chaleur les modes de vie déplorables de ces quartiers de fortune.
Réalisées durant les années 1960 pour la Caisse des dépôts – une des institutions françaises les plus engagées dans la construction des grands ensembles –, les photographies de Jean Biaugeaud témoignent de manière experte d’une confiance en la capacité de l’architecture à générer un monde nouveau, plus confortable, plus égalitaire et plus proche de la nature.
Plongé dans la vie associative bouillonnante du grand ensemble de Sarcelles, Jacques Windenberger photographia, au cours des années 1960 à 1970, l’intensité de la première génération des habitants pionniers.
Les photographies de Bruno Boudjelal décrivent les bouleversements identitaires des femmes maghrébines des cités durant les années 1980 et 1990 et ceux qu’il a connu lui-même, fils de banlieue, en quête de ses origines paternelles lors d’un voyage en Algérie.
À la manière des photographies récoltées lors des premières expéditions en Egypte, les vues aériennes du photographe américain Alex MacLean, commandées par le ministère de la Culture dans les années 2000, témoignent de la monumentalité étrange et silencieuse de plusieurs grands ensembles en Ile-de-France.
Les oeuvres récentes de Jean-Christophe Bardot et de Christian Siloé décrivent l’implacable réalité urbaine des démolitions et leurs effets picturaux inattendus.
Tout en empruntant ses lumières à la photographie la plus contemporaine, les oeuvres de Cyrus Cornut témoignent de la place qu’ont pris, depuis quelques décennies, les barres et les tours des grands ensembles dans les paysages de la région parisienne.
Les oeuvres actuelles du photographe Mohamed Bourouissa rassemblent, dans des mises en scènes et des compositions dignes des tableaux religieux de la période maniériste, les signifiants de la culture des banlieues, avec l’architecture des grands ensembles pour décor.
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