Centre Culturel Français de Timisoara 46 Bd. C.D. Loga 300020 Timisoara Roumanie
Rencontres internationales de photographies contemporaines de Timisoara Roumanie
« L’exposition Quand la photographie se positionne en marges, est présentée au Musée d'art et au Centre Culturel Français de Timi?oara, en Roumanie, du 9 au 30 novembre.
Cinq artistes, suisse, français, roumain, Matthias Brugmann, Didier Courbot, Aurélia Frey, Gaël Pollin, Mirela Popa, exposent chacun une dizaine de photographies dans ces deux lieux qui ont une forte identité architecturale.
Ces cinq artistes ont en commun une position éthique au regard de la photographie dans son rapport au monde, non pas dans une vaine recherche d’une esthétisation du quotidien mais dans une interrogation permanente sur les situations ou les objets qui nous paraissent familiers, tant dans l’actualité que dans l’espace public.
Tous les cinq se situent dans le hors champ du vécu, dans les marges, dans les interstices.
Ces marges induisent une distance par rapport au sujet qui n’est que très rarement dévoilé, ou qui n’est pas immédiatement décodé. Cette distanciation a pour effet plutôt d’interroger le visiteur que de dévoiler une réalité. Aurélia Frey et Gaël Pollin nous introduisent dans un rapport incertain au temps et à l’espace par le détournement et la ré-interprétation d'objets photographiés en Egypte et sur les cimaises de musées. Matthias Bruggmann laisse en suspens toute interprétation objective de faits d’actualités qui se sont déroulés en Somalie et en Irak. Didier Courbot nous invite à la découverte de patrimoines urbains insolites et éphémères dans des villes européennes dans lequel l’artiste devient lui-même acteur. Mirela Popa nous invite à parcourir les espaces de la steppe mongole où les souvenirs millénaires sourdent dans une archéologie en constant devenir.
Les cinquante photographies fonctionnement de façon autonome mais aussi par hybridation les unes avec les autres et avec les espaces de monstration. Leur qualité esthétique interagit avec les salles patrimonialisées du musée et du CCF de Timi?oara, avec pour projet de poser la question du regard, d’aborder d’autres propositions esthétiques, de proposer aux visiteurs d'autres enjeux que ceux auxquels ils sont accoutumés par les images du quotidien qu'il n'arrive plus à décoder par les effets d'accumulation.
Matthias Brugmann, Didier Courbot, Aurélia Frey, Gaël Pollin, Mirela Poppa nous montrent ce qu’il y a de caché dans notre perception subjective du quotidien et du monde. Leurs photographies sont des interprétations du réel, mais aussi temporalité fragmentée qui nous invitent à porter un autre regard et qui révèlent les limites du voir qui fonde notre rapport au monde depuis la Renaissance.
Howard Becker, dans son approche pragmatiste de ses champs de recherches a saisi avec infiniment de justesse le rôle de l’artiste : « C’est dans l’apparente subjectivité que se situe le rôle de l’artiste non pas de livrer en pâture des images dont le sens apparait presque évident mais qui ne révèle strictement rien sur le monde mais au contraire par une empathie qui dévoile la raison cachée des choses ».
Le parcours artistique qui est proposé avec les photographies de Matthias Brugmann, Didier Courbot, Aurélia Frey, Gael Pollin, Mirela Poppa est un éloge de la lenteur, lenteur du regard porté sur ces oeuvres qui nous invitent à mieux connaître le monde, à se projeter dans l'avenir en s'appuyant sur l'expérience du vécu et du passé ».
Par William SAADÉ, Commissaire de l’exposition