Des expositions gratuites réparties dans les plus beaux sites du patrimoine historique vannetais dévoilent, la mer abordée par des photographes du monde entier. Des centaines de photographies offertes au regard des visiteurs dans tout le centre ville...
VSD / REUTERS
ACTUALITÉS DE LA MER 2009-2010
LES MERS DU MONDE EN UN CLIN D'OEIL...
PROJECTION VIDEO
Après Associated Press et Sipa en 2008, Getty Images et l'AFP en 2009, le magazine VSD et l'agence Reuters s'associent en 2010 pour présenter une projection vidéo des Actualités de la Mer de l'année.
JULIEN DANIEL
OKINAWA !
Okinawa, L'île des centenaires.
Au sud de l'archipel japonais se trouvent les îles Ryu-Kyu, parmi lesquelles figure Okinawa. Tristement célèbre pour la terrible bataille dont elle fut le théâtre durant la guerre du Pacifique, cette île est réputée aujourd'hui pour son nombre record de centenaires, la plus importante concentration au monde.
Loin de l'iconographie habituelle d'un Japon hyper-urbain et surpeuplé, nous sommes ici dans un Japon tranquille, méridional, presque polynésien. Le décor ainsi posé ne suffit pas à expliquer l'exceptionnelle
longévité de ses habitants. La solution est peut-être à chercher du côté
de ce que l'on pourrait appeler le «régime Okinawa», alimentation à base
de poissons, algues, de grandes quantités de légumes et de thé vert. La
devise «un esprit sain dans un corps sain» correspond parfaitement à ce
petit territoire. En effet, il est de rigueur de pratiquer quotidiennement une activité physique, ne serait-ce que la marche à pied.
Les arts martiaux ont une place importante et nombre d'entre eux tiennent leurs racines de ce petit archipel, le karaté en particulier.
Peut-être est-ce aussi la singularité de cette vie insulaire, ce rapport préservé avec la nature et avec la mer, qui fait que l'individu fait corps avec son environnement. Le stress est banni du mode de vie des habitants, la convivialité une seconde nature, la vie suit tranquillement le rythme des saisons.
JEAN-PHILIPPE CHARBONNIER
ILE DE SEIN
« J'ai pris davantage de photos satisfaisantes pour moi à l'île de Sein en quinze jours qu'en Chine populaire en sept semaines », a écrit Jean-Philippe Charbonnier.
La rencontre de ce globe-trotter avec les iliens sur leurs bouts de rochers battus par les tempêtes au large de la pointe du Raz a donné lieu à un reportage saisissant. En cette année 1956, la prestigieuse revue mensuelle Réalités -où le photographe côtoie un autre reporter hors norme, Edouard Boubat- l'a envoyé témoigner des très rudes heures des Sénans. Le sujet sera publié sur 8 pages dans le numéro 134, en 1957. Au départ, pourtant, rien n'était acquis. Les habitants ne montrent guère de goût pour les « touristes ».
En 1940, cachés dans leurs bateaux de pêche, tous les hommes valides de l'île ont gagné l'Angleterre pour répondre à l'appel du 18 juin. Ils étaient 124. A Londres, le général de Gaulle a pu constater, passant en revue les quelque 400 premiers volontaires : « L'île de Sein, c'est donc le quart de la France !». En 1946, il lui attribuera la Croix de la Libération. Ainsi sont les Sénans, courageux et tenaces, formés par les épreuves du quotidien, peu enclins à se montrer. Jean-Philippe Charbonnier, à sa manière, tout en douceur, a su s'intégrer, aidé par le recteur Ramonet qui, en chaire, s'est porté garant de ses intentions. « Et les Sénans, raconte-t-il*, ont commencé à venir me renifler ». Peu à peu, ils lui ont accordé leur confiance, en donnant d'abord pour preuve les efforts qu'ils faisaient pour ne pas parler breton devant lui. « Je me suis bientôt, a souligné le photographe, senti chez moi, un chez moi auquel je ne m'attendais pas, que je n'imaginais pas. Heureux, tranquille. J'étais protégé par ces gens farouches, entiers, excessifs, et qui regardent en face.» Comme l'a relevé Michel Tournier, il y a une approche « charbonnière » des sujets. Une façon de faire voir des scènes de vie saisies sur le vif en toute franchise, sans détour, en accord avec la personnalité des pêcheurs et de leurs familles. Un proverbe breton consacré aux plus sauvages des îles d'Armorique affirme « Qui voit Sein voit sa fin ». Bien au contraire, Jean-Philippe Charbonnier, témoin d'une vie en noir et en blanc, en mal et en bien, entre pierre et mer, gardera de ce séjour un grand souvenir. Il écrit encore * : « La douce nuit d'hiver, quand le phare (...) enveloppe de son aile lumineuse les maisons et les flots incertains, on dort en paix, protégé de la terre par l'eau, de l'amertume par l'amitié.»
Joëlle Ody
* « Un photographe vous parle », par Jean-Philippe Charbonnier, ed. Grasset (1961)
YVAN ZEDDA
SOLITAIRE
Vent de Sud, passant Sud-ouest. Pluie. Pas un temps à mettre un photographe dehors.
Et pourtant : c'est le moment de préparer son sac, de sortir bottes et ciré.
Dans un coin du studio, les optiques et les boîtiers sont délicatement rangés dans le sac à dos renforcé et les cartes mémoires vérifiées.
Dans quelques heures, le vent va basculer au noroît. Peu à peu, les nuages vont se déchirer pour faire place à des coins de ciel bleu.
C'est ce que l'on appelle un « ciel de traîne ». Des grains persistent, emmenant au passage les rares poussières qui restent dans l'atmosphère. La lumière devient pure. Dernier coup de fil au skipper pour s'assurer qu'il appareille bien à l'heure prévue.
Double appel du pilote de l'hélicoptère qui annonce son départ de l'héliport pour se poser près de Larmor Plage. Le site est parfait, offrant une vue à 180° sur la sortie de la rade de Lorient.
Voilure arisée, le trimaran d'un champion d'exception met le cap à l'ouest. Le temps est venu de décoller. Assis, les pieds posés sur le patin gauche de l'hélico, retenu à l'intérieur par une sangle et en contact audio avec le pilote, la séance de prise de vue peut commencer.
600 mm, 300 mm, grand angle et fisheye passent tour à tour entre les doigts d'Yvan. Dialogue permanent avec le pilote : « Pied à gauche. Plus loin. Enroulé. Verticale. »
Puis le skipper quitte la barre. A genoux sur le filet, il se dirige vers l'étrave. Il n'y restera pas longtemps, jouet des vagues. Tout y passe. Les mots sont rares. Les photos seront fortes. Et belles.
Le lendemain, il faudra embarquer cette fois, histoire à raconter de l'intérieur. L'estomac au bord des lèvres parfois mais toujours l'objectif à la main. Tout simplement.
NICOLAS GENETTE
LA MER, CÉSURE DU TEMPS
Si l'eau qui coule est synonyme de temps qui passe, s'asseoir au bord du Golfe du Morbihan ou ailleurs, universellement, la mer nous offre cette espace-temps de liberté, de pensée. Que ce soit sur ce que nous y observons ou dans un ordre plus général, voir mystique, la mer est l'espace de l'esprit, une censure du temps où le quotidien s'évapore et où l'essentiel réapparaît. Une zone hors du temps en somme, dans laquelle l'avenir se dessine et les souvenirs perdurent.
Pour autant, pourrions-nous expliquer ce temps, qui rythme nos vies ? Car si le présent est palpable, ni le futur qui deviendra présent, ni le passé, devenu l'anciennement présent, ne le sont. Le passé n'existe plus, autrement que par la pensée, mais notre corps est palpable, et ses atomes ont été créés il y a des milliards d'années, dans le passé, et nous... existons !
Serait-ce alors une sorte de cheminement inéluctable faisant passer les choses d'un état futur à la réalité, prenant la place du précédent état réel, seule notre conscience en conservant les traces ?
Et où se situe ce fameux temps ? Dans l'univers, ou est-ce que celui-ci, qui fait exister tout ce qui nous entoure et met à notre disposition toutes les potentialités de nos vies, ce temps n'en est pas moins une prison ! Comment sortir de notre espacetemps ? Notre esprit lui-même pourtant immatériel, en est à peine capable. Où nous emmènent alors ces césures du temps ?...
PHILIPPE BOURSEILLER
PASSAGE DU NORD-OUEST
Conséquence du réchauffement climatique, le mythique passage du Nord-Ouest, en Arctique, est désormais ouvert à la navigation.
L'Amundsen, brise-glace de la garde côtière canadienne, volontairement repérable avec sa coque rouge et ses structures blanches, ouvre cette voie. Et se fait véritable laboratoire scientifique flottant. A son bord, des scientifiques français, canadiens et allemands spécialistes en glaciologie, météorologie, géologie, cartographie, sciences de la mer et biologie. Leur mission : évaluer l'impact écologique de cette nouvelle route maritime en raison du réchauffement climatique.
Le passage mythique du Nord-Ouest... Un songe qui naît en 1490 quand Jean Cabot, navigateur vénitien au service du roi d'Angleterre, émet l'hypothèse d'un passage vers l'Orient par le Grand Nord, un étroit réseau de chenaux qui relie l'Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arctiques. Il faudra attendre les années 1903 à 1906 pour que le Norvégien Roald Amundsen, dont le brise-glace canadien porte aujourd'hui le nom, parvienne à forcer son chemin.
Aujourd'hui, le changement climatique, et la spectaculaire fonte des glaces polaires qui l'accompagne ont tout bouleversé. Le visage de l'Arctique a changé. Depuis 2007, l'été, le passage du Nord-Ouest est désormais presque ouvert et attire toutes les convoitises. L'enjeu est considérable : l'emprunter permet de raccourcir d'au moins 4000 kilomètres le trajet maritime actuel entre l'Europe et l'Extrême-Orient. De plus, la mer de Beaufort renfermerait en son sous-sol jusqu'à un quart des réserves d'hydrocarbures . Une fantastique richesse, logée là, sous ce 141ème méridien, et pourtant si proche de la frontière maritime
américaine...
Quant à l'Amundsen, l'été prochain, il poursuivra sa croisière comme navire-hôpital pour les Inuits.
TIM LAMAN
MANGROVES
Les Mangroves, forêts tropicales de la mer
Ceinturant les mers chaudes de la planète et ombrageant ses estuaires salés, les mangroves sont des forêts extraordinaires, les seules ayant leurs racines dans l'océan. Parfois considérées par la société comme un lieu hostile et insalubre, les mangroves sont pourtant des réserves naturelles exceptionnelles, formant l'un des espaces les plus productifs de biodiversité sur la Terre. En outre, elles favorisent le développement de la pêche, du tourisme et fournissent bois et plantes médicinales.
Aujourd'hui reconnues comme l'un des écosystèmes les plus menacés de la planète, dans des proportions bien plus importantes que les forêts tropicales à l'intérieur des terres, elles commencent à bénéficier de campagnes de réhabilitation, notamment dans l'océan Indien, suite au Tsunami de 2005.
Relations entre mangroves et récifs coralliens, richesse de la flore et de la faune sous-marine, beauté de l'ibis rouge, faune et paysages enchanteurs pour le plaisir des visiteurs, mais aussi, exploitation du bois, élevage de crevettes, industries du charbon de bois ou de la pêche, collecte du miel, ou encore, site patrimoine mondial abritant cinq cents tigres du Bengale et six millions de personnes vivant dans et autour de la forêt... De la Malaisie à la Floride, du Belize au Bangladesh, des États fédérés de Micronésie à Trinidad et Tobago en passant par l'Indonésie, les photographies, magnifiques et variées, nous entrainent dans un univers méconnu chez nous et pourtant « planétaire ». Car les mangroves font s'imbriquer toutes les problématiques environnementales connues en cette « Année mondiale 2010 de la Biodiversité »: elles servent de barrière naturelle et protectrice, font vivre ses habitants, leur fournissent habitat et ressources nutritives, et permettent la survie de milliers d'espèces.
De leur préservation dépend l'équilibre fragile de notre planète.
THOMAS GOISQUE
PORTES D'AFRIQUE
À la rencontre de l'Afrique par ses grands ports
Un voyage, un continent, quatre mers, douze ports. Parti de la Méditerranée, le voyage commence à Port-Saïd, se poursuit en Mer Rouge, longe la côte Est, celle de l'Océan Indien, remonte le long de la côte Atlantique pour rejoindre, au Nord, la Méditerranée : huit mois et douze escales pour faire le tour de ce vaste continent-île, à bord d'un grand monocoque de course au large transformé en salle de rédaction itinérante, un équipage qui choisit de partir à la rencontre d'un continent par ses grands ports, comme autant de portes marines. C'est l'aventure Portes d'Afrique.
Thomas Goisque, photographe embarqué dans ce périple, présente ici ses escales dans huit grands ports : Port-Saïd (Egypte), Massawa (Erythrée), Djibouti, Luanda (Angola), Libreville (Gabon), Douala (Cameroun), Cotonou (Benin), Dakar (Sénégal).
Les ports de mer n'appartiennent à aucun pays. Ils sont à ceux qui naviguent, rêvent, voyagent, échangent. Ceux qui ne sont pas ancrés mais vivent de départs et d'arrivées. Les ports d'Afrique n'échappent pas à cette règle mystérieuse. Rideaux de l'Ailleurs, concentrés de vie, d'échanges et d'espoirs, ils sont du sud et du nord à la fois, de la côte, et, comme autant de portes, ouvrent sur les espaces intérieurs. Ils sont la mémoire des mondes qu'ils bordent, et par là même, le sel de leurs lendemains.
De ce voyage à la rencontre des gens de Port-Saïd ou de Luanda, le photographe nous montre l'Afrique telle qu'elle vit, riche de ses mélanges, de ses audaces, de ses espoirs. Forte souvent, humaine toujours. Un continent dont le cœur palpite, un monde qui ne se résout à rien, une terre qui se décline au pluriel.
Parce que l'Afrique aime se raconter et être racontée, puissent ces images inciter chacun à pousser à son tour la porte, celle des autres Afriques.
VINCENT ROBINOT
ARAL
Catastrophe écologique mondialement reconnue, le sort de cette mer intérieure concerne des milliers d'hommes et de femmes qui subissent de plein fouet les conséquences de son assèchement.
Vincent Robinot a posé son sac à Aralsk, l'ancien port de pêche au Kazakhstan.
Tableaux singuliers de cette ville abandonnée par la mer ; visions du port désaffecté et des épaves de bateaux plantées au milieu de la steppe ; le gris remplace le bleu dans cette région rongée par le sel et gagnée par la poussière. Mais le photographe ne s'arrête pas sur cette situation misérabiliste aggravée par le chômage et l'alcool, héritage soviétique dévastateur.
Son regard se porte sur les initiatives locales qui ont redonné espoir.
Au nord, dans la petite mer, la pêche est de retour. L'Aral s'étant retirée à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes, ce sont donc les pêcheurs qui la rejoignent. Grâce à du nouveau matériel apporté par une association de confrères danois, ils reprennent le chemin des filets.
A Aralsk, l'usine de conditionnement de poisson réhabilitée en 2005, vient compléter la chaîne d'un renouveau économique.
A l'embouchure du Sir Daria, la digue de 15 km inaugurée en 2006 promet un retour partiel de l'Aral dans sa partie Nord... Ce qui ne doit pas occulter, souligne Vincent Robinot, la disparition inexorable de l'autre mer, au Sud, épuisée par la poursuite de la culture du coton en Ouzbékistan...
TEDDY SEGUIN
RENDEZ-VOUS A PANARIVO !
Madagascar est la plus grande île de l'Océan Indien. Une bonne partie de ce territoire grand comme la France reste, aujourd'hui encore, très enclavée. Sur la côte ouest, les villages qui bordent le canal du Mozambique sont coupés du monde pendant 5 à 6 mois de l'année. À la saison des pluies, les pistes reliant la capitale Antananarivo à cette partie de la côte deviennent quasiment impraticables.
Les boutres et goélettes qui sillonnent à la voile cette côte restent l'unique moyen de ravitaillement pour de nombreux villageois.
De Nosy Be à Tuléar, sans aucun instrument de navigation ni cartes et quelle que soit la météo, les capitaines de ces « camions des mers », botry en malgache, transportent à la voile tous les matériaux traditionnels de construction qui sortent de la brousse.
Chaque semaine, les bateaux sont attendus avec impatience car ils transportent également les produits de première nécessité comme le riz, le poisson séché, les fruits où le carburant, sans oublier la THB, la bière locale.
La vie à bord de ces bateaux s'écoule au gré du Varatra, le vent dominant. Serrés les uns contre les autres sur le pont, les Vezoq et les Sacalava qui peuplent cette côte privilégient les voiliers de leurs ancêtres aux coûteux taxis-brousse pour se déplacer de village en village. Les botry de Madagascar font désormais partie du patrimoine culturel de l'île. Après des années de mauvaise gestion de la forêt primaire, ce patrimoine est maintenant menacé par la raréfaction des bois de construction issus d'espèces endémiques très convoités par les importateurs étrangers.
Pour continuer à ravitailler les villages, les Naoudas (capitaine) prennent souvent de gros risques à la saison des cyclones. La navigation ne s'arrête que rarement, un seul objectif dans la tête de ces marins d'un autre temps, attendre le port de « Panarivo », la fortune !....