Jodie Bieber
Réuni le mercredi 11 novembre 2009 au Grand Hôtel, le jury* des 8es Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie a décerné les prix suivants aux artistes de l’exposition panafricaine, qui est présentée au Musée national du Mali et dans les salles archéologiques du Musée du textile.
Prix Seydou Keïta, récompensant la meilleure création photographique :
Uche Okpa Iroha / Nigéria
Né en 1972 à Enugu au Nigeria, Uche Okpa Iroha vit et travaille à Lagos. Diplômé de l’université fédérale de technologie d’Owerri en 1997, il se lance dans la photographie à Londres, en 2004, après avoir vu l’exposition du collectif Depth of Fields à la South London Gallery. En 2006, il participe au workshop Football Worlds d’Ajegunle, organisé par le Goethe Institut. Membre fondateur du collectif nigérian Blackbox, il fait partie des expositions du groupe intitulées “Lagos : Noctural Vibrations” (2007). Uche est présent dans de nombreuses expositions en Afrique et en Europe ; citons notamment, en 2008, le premier Concours de photographie africaine de Tarifa et “Loving Lagos” à Berlin. Il a également contribué à l’ouvrage intitulé Lagos, the City at Work.
Ce prix est doté par le Ministère de la Culture du Mali de 3 000 euros.
Prix de l’Union européenne, distinguant le meilleur photographe de presse ou de reportage :
Jodie Bieber / Afrique du sud
Après une formation en photographie au Market Theatre Photograph Workshop de Johannesburg, Jodie Bieber participe à un programme de formation en photographie aux côtés de Ken Oosterbroek. En 1996, elle est sélectionnée pour participer à la World Press Master Class (Hollande) et commence à travailler pour des publications comme les magazines NY Times, GEO et The Sunday Times. Pendant dix ans, elle travaille sur son pays, l’Afrique du Sud, et photographie des jeunes sud-africains vivant en marge de la société. Elle reçoit huit prix du World Press et remporte le premier prix du POYi (Pictures of the Year International) en 2009 dans la série “Portrait”. Son oeuvre a été présentée dans de nombreuses expositions internationales. La plus récente, “Real Beauty”, s’est déroulée à la Goodman Gallery (Afrique du Sud), qui la représente, en novembre-décembre 2008.
Ce prix est doté par l’Union européenne de 3 000 euros.
Prix Jeune Talent de Bolloré Africa Logistics, décerné au meilleur jeune photographe :
Baudouin Mouanda / Congo-Brazzaville
Baudouin Mouanda est né en 1981 à Brazzaville au Congo. Il est coordinateur technique du collectif Génération ELILI. Il débute la photographie en 1993. Très vite, il fait la chronique, pour les journaux locaux, de la vie brazzavilloise et se fait surnommer “Photouin”. Il se détourne du conformisme et pose un regard accusateur sur les guerres à répétition que le Congo a connues, avec son travail Les Séquelles de la guerre. Il est élu meilleur photographe par le jury de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa et récompensé aux 5e Jeux de la francophonie à Niamey (Niger) en 2005. En 2007, il bénéficie d’une résidence à Paris et suit un stage de perfectionnement au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes) où il amorce son travail sur La Sape.
Ce prix est doté de 2 000 euros par Bolloré Africa Logistics, qui s’engage également à soutenir la diffusion
du lauréat.
Prix spécial du jury, attribué au photographe « coup de cœur » :
Berry Bickle / Zimbabwe - Mozambique & Abdoulaye Barry / Tchad
Berry Bickle vit et travaille à Maputo, au Mozambique. Elle fait partie d’une génération d’artistes africains apparue au début des années 1990, période durant laquelle les discours théoriques sur le postcolonialisme, les identités interculturelles et la globalisation commençaient à remettre en question le monopole artistique occidental. Dans ses installations, ses vidéos et ses photographies, Berry Bickle dissèque la mémoire de la mobilité et son influence sur les sociétés. Son oeuvre est marquée par une question implicite, celle de savoir si les êtres humains représentent une communauté d’allochtones nomades, un assemblage de petites histoires personnelles qui construisent l’Histoire.
Elle s’inspire de son héritage culturel pour transformer la mobilité en un concept multi-facettes reliant entre elles les diverses communautés.
Né à N’Djamena en 1980, Abdoulaye Barry connaît une enfance difficile avant de découvrir la photographie, médium qui lui donne la possibilité d’outrepasser les frontières, de voir au-delà et d’arrêter ses yeux sur le vivant. Il commence à gagner sa vie en cherchant à capter les moments d’émotion des cérémonie de mariage, de naissance, en réalisant des photos de famille, etc. Puis il travaille sur commande pour le Haut Comité des réfugiés et le ministère de l’Action sociale,ainsi que pour des banques. A partir de 2005, les recherches d’Abdoulaye l’amènent de plus en plus à se recentrer sur le champ artistique. Il cherche à dire visuellement le monde qui l’entoure : “Il est difficile de décrire la réalité avec des mots. Cet exercice ne convient pas à ma nature de capteur d’images… L’image, puissamment suggestive, nous exempte de verbaliser. Ce que j’exprime, c’est ce que je fais. Je ne juge pas, je laisse juste les gens juger.”
Ce prix est doté de 2 000 euros par Culturesfrance.
Prix de l’Organisation internationale de la Francophonie, récompensant le meilleur jeune photographe francophone :
Guy Wouete / Cameroun
Né en 1980 à Douala au Cameroun, Guy Wouete est un artiste multimédia. Son oeuvre s'intéresse particulièrement aux émotions et aux sensations. Artiste internationalement reconnu, il a notamment participé à la 10e Biennale de La Havane à Cuba (2009), à “New Entries For Your Eyes Only” (Copenhague, Danemark, 2009), à la 3e Triennale de Guangzhou (Beijing, Chine 2008), à “The Night of Altina” (Centre d’art contemporain Doual’art, Douala, Cameroun, 2008), au Dak’art (Dakar, Sénégal, 2006 et 2008), et à “Africa Now !” (World Banck, Washintong DC, 2008). Il est lauréat, entre autres, de la bourse Unesco-Ashberg (2005), du prix Djamilatou, Bikami de la 7e édition du Dak’art (2006), du Programme Afrique et Caraïbes en création de Culturesfrance (2007) et du prix Culturesfrance du 8e Dak’art (2008). Depuis janvier 2009, il réside aux Pays-Bas, où il poursuit ses recherches en art et technologie à la prestigieuse Rijksakademie Van Beeldende Kunsten d’Amsterdam.
Ce prix est doté par l’Organisation internationale de la francophonie de 1 500 euros.
Prix Elan de l’Agence Française de Développement (AFD) :
Salif Traoré / Mali
Né en 1974 à Kati (Mali), Salif Traoré opte pour la photographie après des études de comptabilité et entre au CFP (Centre de formation photographique) en 2004. Depuis, il a participé à de nombreuses expositions collectives au Mali, dont “Une saison en images”, “Les Dépôts de Bamako”, “Le voyage est au coin de la rue”, “De l’informel à l’institutionnel”. En 2005, son travail est publié dans un recueil intitulé Regards sur la photographie africaine.
Parallèlement, il possède son propre studio de photographie, dans lequel il réalise notamment des photographies de mariages et de baptême.
Le prix Elan, doté par l’Agence Française de Développement, offre à un photographe l’édition de sa monographie.
Prix Casa Africa :
Zanele Muholi / Afrique du sud
Zanele Muholi est née en 1972 à Durban. Elle a suivi une formation supérieure en photographie au Market Photo Workshop et a organisé sa première exposition solo à la Johannesburg Art Gallery en 2004. Son exposition “Only Half the Picture” a été présentée à la galerie Michael Stevenson (au Cap, Afrique du sud) en mars 2006, puis au Market Photo Workshop de Johannesburg et au Festival Afrovibes d’Amsterdam. Elle a participé à l’exposition “S&M : Shrines and Masquerades in Cosmopolitan Times”, présentée au NYU Steinhardt, à New York (2008). Citons également : “Radical Drag”, “Transformative Performance” à la galerie Saw d’Ottawa, au Canada (2008); “Za : giovane arte dal Sudafrica” au Palazzo delle Papesse à Sienne (2008) ; “Make Art/Stop AIDS” au musée Fowler d’Ucla à Los Angeles (2008) ; “Heterotopias” à la Biennale de Thessalonique (2007) et à la 10e Biennale de La Havane (2009).
Ce prix est doté par Casa Africa de la publication d’une monographie, de la constitution d’une exposition monographique et de son itinérance dans le monde.
LE JURY
Le jury présidé par Malick Sidibé, photographe malien, était composé de :
- Els Barents, Directrice de Huis Marseille, Museum for Photography, Amsterdam/ Pays-Bas
- Annie Boulat, Directrice de l’Agence Cosmos, Paris/ France
- Manthia Diawara, écrivain, réalisateur et universitaire, New York University, New York/ Etats Unis
- John Fleetwood, Directeur du Market Photo Workshop, Johannesburg/ Afrique du Sud
Inaugurées le 7 novembre 2009 à Bamako, les 8es Rencontres africaines de la photographie se prolongent jusqu’au 7 décembre 2009 au Musée national du Mali et dans plusieurs autres lieux de la capitale malienne (Palais de la Culture, Institut national des arts, Musée du District de Bamako et le Centre culturel français). Par ailleurs, le Centre de Formation de la Photographie, la Maison du partenariat Angers-Bamako, le CAMM … proposent simultanément une programmation « off ».