Maison de Victor Hugo 6, place des Vosges 75004 Paris France
Cet automne, la maison de Victor Hugo poursuit la présentation de ses collections permanentes à travers 200 portraits photographiques, albums et documents, issus du fonds du musée. Ce choix constitue un témoignage unique sur l’écrivain et son entourage. Il illustre la façon dont Hugo exploita le medium photographique et comment la photographie servit son image. Le parcours est divisé en trois grandes séquences : de l’exil à Jersey (1852-1855), puis à Guernesey (1855-1870) et enfin celle du retour à Paris où Hugo meurt en 1885.
Les photographies réunies sont l’oeuvre de grands noms comme Edmond Bacot, Etienne Carjat, Arsène Garnier, Pierre Petit, Disdéri, Gustave le Gray, Félix Nadar ou encore Julia Margaret Cameron… JERSEY/ LE PROSCRIT A LA DECOUVERTE DE LA PHOTOGRAPHIE
Contraint de quitter la France à la suite du Coup d’Etat du 2 décembre 1851, Hugo part pour Bruxelles puis s’installe à Jersey à l’été 1852. Exilé, loin de la France, le poète trouve très vite dans la photographie le moyen de satisfaire son besoin et son envie de communiquer. D’une façon étonnamment moderne, il cherche à maîtriser son image et se met en scène, en poète solitaire et rêveur ou en proscrit seul debout sur son rocher, sous le regard complice de ses fils, Charles et François-Victor, et d’Auguste Vacquerie. Les daguerréotypes et les tirages sur papier de l’Atelier de Jersey témoignent de l’engouement immédiat de tout le clan Hugo pour cette nouvelle technique.
GUERNESEY/ L’ÉCRIVAIN CONSACRÉ ET LA PHOTOGRAPHIE
La production photographique, intense à Jersey, s’atténue peu à peu à Guernesey. L’auteur des Contemplations, requis par l’aménagement d’Hauteville House, laisse à son fils le soin de composer albums et collages. Le refus de l’amnistie en 1859 et le succès des Misérables en 1862 renforcent son prestige.
Edmond Bacot effectue la même année à la demande de Hugo le premier reportage sur la maison et ses habitants. Les portraits se font alors plus solennels mais l’on retrouve toutefois certaines attitudes de l’Atelier de Jersey. Photographes et artistes célèbres lui envoient des clichés : Julia Margaret Cameron, à laquelle une salle est consacrée ici, lui en adresse une trentaine, d’esprit pré-raphaëlite. Etienne Carjat et Nadar, grands portraitistes et républicains, réaliseront par la suite parmi les plus beaux portraits de l’écrivain dont l’importante diffusion contribuera à sa notoriété.
PARIS/ LA PHOTOGRAPHIE AU SERVICE D’UN MYTHE
La généralisation de la photographie et la gloire du modèle suscitent une multitude de clichés. Ceux des années 1870 à 1885 ont su capter la force et la sérénité du patriarche à la barbe blanche, à la fois conscience politique et génie littéraire. Ces images traduisent une certaine distanciation avec le médium, devenu un moyen de communication banal pour Hugo qui en maîtrise désormais les codes. C’est à Nadar que revient l’ultime hommage de fixer à jamais le souvenir du grand homme sur son lit de mort le 22 mai 1885, dans un contre-jour saisissant exprimant à la fois l’apaisement et la puissance de l’homme entrant dans sa légende, qui dans son dernier souffle, prononça ces mots « Je vois de la lumière noire ».