Vera Lutter

Vera Lutter

#Photographe #Incontournable
Vera Lutter est née en Allemagne, près de Düsseldorf. Elle étudie la sculpture à Munich, puis reçoit un MFA en Photography and Related Media en 1995 à la School for Visual Arts de New York, où elle vit aujourd’hui. Son oeuvre a fait l’objet d’expositions muséales importantes : à la Kunsthalle de Bâle, à la Kunsthaus de Graz, au Dia:Beacon à New York et plus récemment au Carré d’art de Nîmes.

Vera Lutter explore le potentiel de la camera obscura et son procédé d’enregistrement de la lumière sur le papier sensible. Son oeuvre porte sur l'architecture, qu’il s’agisse de paysages urbains, de sites industriels, de paysages mythiques ou de vues de son atelier. Autant de lieux qu’elle sélectionne et photographie pour révéler les différents états de perception de l’espace.

Les dimensions souvent monumentales de ses photographies imposent des durées d’exposition à la lumière pouvant aller de plusieurs heures à plusieurs jours. Elle conçoit des appareils photographiques de la taille d’une pièce, lui permettant d’obtenir des images dont le format est le reflet des espaces dans lesquels les images ont été réalisées. L’exposition longue permet l’enregistrement de tout ce qui est rémanent. Ainsi l’éphémère et le mouvement se diluent dans le temps de l’image, et laissent apparaître parfois les traces d’une présence fantomatique. Ses photographies ne traduisent pas seulement le réel, mais révèlent également un monde en creux, un espace d’apparition relative, qui donne à ses images une impression irréelle et fluide, où le regard passe sur de magnifiques à-plats pour s’arrêter sur la précision surprenante de certains détails.

Pour sa seconde exposition personnelle à la galerie Xippas, Vera Lutter présente un ensemble de photographies issu de ses séries Clock Tower et Albescent.

L’édifice situé au 1 Main Street à Brooklyn a été construit en 1914. Sa partie haute, parfaitement carrée abrite 4 gigantesques horloges, chacune orientée vers l’un des points cardinaux et offrant une vue sur quatre différents quartiers de New York. Les cadrans vitrés permettent les échanges de lumière de l’intérieur vers l’extérieur. Pendant la journée, les horloges vitrées éclairent l’intérieur de l’édifice, tandis que la nuit les horloges sont illuminées de l’intérieur. C’est depuis cet espace transformé en camera obscura que Vera Lutter a photographié les quatres différentes vues ; les marques du cadran et des aiguilles de l’horloge au premier plan en masquent en partie la perspective et témoignent du passage du temps.

Pour la série Albescent, un projet en cours entamé en 2010, Vera Lutter a réalisé des photographies analogiques et digitales de la lune depuis différents lieux à travers le monde. L’ensemble fonctionne comme une sorte de carnet de voyage, une contemplation de l’omniprésence du corps céleste. Même si ce projet semble être comme une dérogation au sténopé, la pratique habituelle de Vera Lutter, il poursuit pourtant son exploration des origines de la lumière et de son rôle essentiel dans la conceptualisation de la vision et du temps.

Elle saisit la lune alors qu’elle émerge de l’obscurité de la nuit, rappelant la manière dont les sujets issus de ses sténopés, se matérialisent par une luminosité intense depuis l'obscurité de leur environnement.

Tandis que Vera Lutter présente deux mondes apparemment disparates à travers Albescent et des images issues de la caméra obscura, ils apparaissent pourtant tous deux étrangement terrestres et se renforcent l'un l'autre par leur référence immédiate et leur révérence à la lumière.

Vera Lutter est représentée par la galerie Max Hetzler, Berlin et la galerie Gagosian, New York et Los Angeles.