Jacob holdt est né à Copenhague en 1947, fils et petit-fils de pasteur luthérien, Jacob Holdt arrête ses études à l'âge de 18 ans. A vingt ans, il est renvoyé de la Garde Royale pour avoir refusé, fidèle à ses convictions pacifistes, de tirer sur une cible à forme humaine. Il fréquente alors, sans formellement y adhérer, les nombreux mouvements protestataires issus de la révolte de 1968. En 1970, après une énième confrontation avec son père, il choisit de se rendre, avec 40 dollars en poche, en Ontario au Canada pour travailler dans une ferme. Quelques mois plus tard, il décide de partir pour le Chili alors en pleine effervescence politique suite à l'élection de Salvador Allende à la Présidence de la République. Pour atteindre l'Amérique Latine, Jacob Holdt entame la traversée des Etats-Unis en auto-stop. Peu de temps après avoir franchi la frontière qui sépare le Canada des Etats-Unis, il est victime d'une agression perpétrée par deux membres de la communauté noire de Port Huron dans le Michigan. Très choqué et désorienté devant une telle violence, il se met à la recherche des auteurs de l'agression, pour comprendre ce qui a pu motiver cet acte. Il découvre alors une réalité, à laquelle ni son éducation ni les informations alors disponibles au Danemark sur la situation de la communauté noire aux Etats-Unis, ne l'avaient préparé. Commence alors cinq années d'une longue errance qui va changer le cours de sa vie. Pour tenter de comprendre pourquoi dans un pays si riche la quasi-totalité de la communauté noire est maintenue dans un tel état de pauvreté et de détresse, Jacob Holdt parcourt les Etats-Unis, partageant au hasard de ses rencontres les conditions d'existence misérables de la communauté noire américaine, découvrant, un peu plus chaque jour, le racisme qui la frappe. Jacob Holdt relate dans de longues lettres à ses amis restés au Danemark et à son père cette réalité qui le bouleverse. Incrédule à la lecture des récits de son fils, son père lui expédie un petit appareil photographique pour que Jacob fixe sur la pellicule la réalité qu'il dépeint. Jacob Holdt entreprend ainsi, un peu malgré lui, un journal photographique dont il ignore encore l'ampleur et surtout ce qu'il en adviendra. Le jeune homme ne possède à cette époque aucune expérience de photographe. Pourtant au cours de ces cinq années, Jacob Holdt va accumuler un témoignage photographique des plus bouleversant et singulier sur les Etats-Unis de cette époque. Pour ce faire, il va parcourir 200 000 km en auto-stop, traverser 48 états, vivre chez l'habitant, vendre son sang pour acheter des pellicules. Jacob Holdt va côtoyer non seulement la communauté noire mais aussi d'autres catégories de la population du pays, y compris la communauté blanche la plus fortunée. Cette fréquentation s'étend même jusqu'à certains membres du Ku Kux Klan, toujours avec cette volonté de comprendre les mécanismes de ce racisme violent et primaire. Cette « naïveté » lui sera d'ailleurs reprochée par certains membres des Black Panters qu'il fréquente régulièrement dans cette époque de grande tension raciale. Mais Jacob Holdt, fortement marqué par l'éducation reçu auprès de ce père pasteur, veut croire que l'homme, en tant qu'individu, peut changer. C'est dans cet état d'esprit qu'il va entreprendre, de retour au Danemark après ces cinq années, d'informer ses concitoyens par une série de projections de ses images ; et en premier lieu dans le village où son père exerce son ministère. Fort des 15 000 diapositives qu'il a accumulées au cours de ces cinq années, Jacob Holdt s'attache à faire connaître la situation faite aux noirs aux Etats-Unis, mais aussi à faire prendre conscience du racisme qui, selon lui, habite la plupart de nos sociétés. Les premières conférences ont lieu devant un public restreint, mais très rapidement elles vont attirer un public de plus en plus nombreux. C'est à l'occasion d'une de ces conférences qu'un éditeur allemand lui propose de publier un livre dans lequel, à partir de sa correspondance avec son père, de son journal et d'un choix de photographies, il retrace l'expérience de ces cinq années. Malgré la qualité médiocre de la reproduction des images et une maquette approximative, le livre publié sous le titre « American Pictures » connaît un succès considérable. Traduit en plusieurs langues, il lui rapporte suffisamment d'argent pour qu'il puisse créer une fondation dont la principale activité consiste en l'organisation de conférences contre le racisme animées par Jacob lui-même. Depuis cette époque, Jacob Holdt a présenté son diaporama dans des centaines d'universités et d'écoles aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe. Il poursuit en parallèle son activité de militant auprès d'associations humanitaires.
English Version
Jacob Holdt, born 1947 in Copenhagen, Denmark, has since 1991 worked as a volunteer for CARE in several thirdworld countries. He has continued to document the lives of those in poverty while working for CARE. His most recent projects have also focused on white supremacist hate groups. Holdt spent time living with leaders of the Ku Klux Klan and photographing their daily lives.