Centre Photographique d'Ile de France Avenue de la République, 107 77340 Pontault-Combault France
Vernissage mardi 28 avril à partir de 19h30
L’exposition « Autres mesures », rassemble des œuvres issues de pratiques contemporaines diverses, dont les traitements modifient notre rapport aux échelles et aux proportions. Différents moyens seront conviés, de la maquette au collage in situ, de l’image fixe à l’image animée, ou encore à travers une programmation de films, pour restituer selon d’autres mesures les objets de nos imaginaires contemporains. Cette pluralité d’approches nous invite à jouer et à lâcher prise avec les normes et contraintes formelles de notre époque en quête de standards. Le visiteur pourra ainsi saisir les juxtapositions et renvois à d’autres restitutions d’échelles du macro au nano. Dans un premier temps, les notions de jeu (Flavie Pinatel) et de déplacement des usages (Daniel Chust Peters) dans les espaces architecturés de la ville ou du paysage, font que les réalités s’imbriquent. Le fantastique côtoie le quotidien : dans une cité apparemment vide et pourtant parfaitement habitée par les poursuites effrénées d’enfants, ou dans la dimension utopique de la cité Pierre Semard au Blanc-Mesnil, restituée dans « Pièce détachée» d’Edouard Sautai. Un autre déplacement est opéré par Sean Lynch. Celui-ci a posé une caméra de surveillance sur le cou d’un faucon qui survole une cité à Limerick, en Irlande. L’utilisation de la caméra de surveillance renvoie à des images objectives, ici contrariées par les aléas du vol du rapace, qui attestent néanmoins des possibilités de la connectivité en temps réel. Plus ludiques, les flips book mis en mouvement par un pouce énorme, au son d’un projecteur 16mm, démultiplient l’échelle de compositions géométriques, fruit d’une collaboration de Lionel Estève avec un groupe d’enfants handicapés.
Dans un deuxième temps, la notion d’échelle renvoie aussi à notre capacité à passer d’un niveau de représentation à un autre. Ainsi, toute conception archétypale passe par la miniaturisation ou le gigantisme comme nous le proposent les œuvres d’Hermine Bourgadier, Michel François ou de Miklos Gaál. Joachim Mogarra, quant à lui, élève un monument à l’artiste Gina Pane dans une grande économie de moyens : une pomme de terre et une couronne d’épines. Dans la perte ou l’omniprésence des référents, l’artiste Jean-François Fourtou est maître de la pratique avec ses maisons de géants. Les artistes Isabelle Hayeur, Sergio Belinchón et Otobong Nkanga nous font prendre la mesure des traitements monstrueux infligés aux territoires, qu’il s’agisse des terres sacrées des Indiens d’Amérique du Nord saccagées par des constructions, du littoral espagnol entièrement bétonné et plus largement de l’impact massif du tourisme sur le paysage.
Dans un troisième temps, la démesure rend inévitablement compte de la question du pouvoir et de ses représentations politiques ou humaines. Certains artistes comme Antoni Miralda, Irina Botea ou Julieta Aranda rejouent et déjouent l’imagerie produite autour d’évènements comme le Vietnam, ou de figures historiques telles que celles de Ceaucescu, Mao ou El Che. Pilar Albarracín réalise dans une vidéo performance une critique de l’image folklorique de la femme qu’on réduit à des codes culturels. Djamel Kokene, quant à lui, propose une autre relation à l’image en ramenant l’échelle réelle d’une installation sur un mur de la ville de Mouans-Sartoux à celle d’un minuscule écran plasma qui restitue cependant la place du spectateur dans le dispositif. Enfin, une lecture du micro et du macro fait particulièrement sens à un moment où le développement des nanotechnologies est un des domaines les plus importants de la recherche fondamentale contemporaine. Dans cette perspective, les œuvres de Michel Blazy se situent à la limite de l’invisible comme autant de “moments d’exception”.
Que ce soit en regardant les étoiles ou à l’inverse la terre depuis l’espace, notre vision est relative. Tout dépend du lieu et de notre façon de regarder le monde selon la vision endotopique ou exotopique pour laquelle on opte.
Regarder l’infiniment grand et l’infiniment petit mobilise l’interprétation et renvoie à l’idée qu’observer les étoiles, une éolienne ou un minuscule insecte demeure un émerveillement. De ce constat, la question du rapport des échelles s’impose entre les choses, les usages et leurs contextes. L’espace du Centre Photographique sera, le temps de l’exposition, le lieu d’une expérience physique et d’une nouvelle mise en perspective de cette question au cœur des productions contemporaines.