Chambre avec vues 3 rue Jules Vallès 75011 Paris France
Depuis 60 ans, les Polaroid font partie de la vie de la plupart des familles : photos prises sans formalité dans le plaisir de l’instant partagé, au cadrage approximatif et surtout à la lumière saturée, délavée si caractéristique. L’odeur, la chaleur des couleurs et le cadre blanc des Polaroid les rendent reconnaissables entre toutes. Sans compter qu’elles sont par définition uniques. Depuis leur lancement en 1948, elles ont suscité un engouement qui a traversé les tendances et les générations. Mais les années Polaroid sont terminées ; les amateurs s’arrachent donc les dernières boîtes de pellicule avant leur disparition définitive en 2009 au plus tard.
On ignore assez souvent que Polaroid était aussi utilisé par des photographes professionnels, et même par les plus grands, Walker Evans ou André Kertesz entre autres. Les photographes contemporains apprécient non seulement le rendu particulier de cette pellicule mais aussi la possibilité qu’elle offre de briser les repères traditionnels entre photo d’amateur et photo d’auteur.
Chambre avec Vues a souhaité réunir différents photographes qui ont travaillé avec Polaroid, chacun à leur manière, en noir & blanc ou en couleur, vintages ou transferts.
On sent parfois le besoin d’écrire avec un autre outil, une autre camera qui peut coïncider opportunément à cette demande. Kubrick avait cherché et trouvé son « optique de camera » pour réaliser Barry Lyndon, et replonger dans l’atmosphère de l’époque. On trouve ces outils, au moment où le regard évolue, voit autrement.Dominique Souse
Le regard et le toucher. Seul le procédé Polaroid me donne la possibilité de lier les deux. L’instantané à la chambre 20 x 25 donne à voir une métamorphose des couleurs et une palette de tonalités qui rendent l’image plus irréelle, plus poétique.
Mais le plus important pour moi c’est de transformer manuellement la matière même de l’image : transférer les colorants en cours de développement d’autres supports, décoller l’émulsion et la sculpter comme une peau ou encore travailler le négatif à l’acide de façon à obtenir une image archéologique, ancrée dans nos mémoires, comme oxydée par le temps.Patricia Canino