Box Galerie 102 chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles Belgique
Pour cette première exposition de la nouvelle saison, nous avons choisi de présenter le travail de deux photographes qui, chacun à sa manière, explorent les subtilités du clair-obscur en s’attachant plus particulièrement aux profondeurs du noir.
Avec sa plus récente série, intitulée Le temps et les choses et entamée fin 2005, Toni Catany* revisite sa thématique de prédilection, la nature morte, thématique grâce à laquelle il s’est imposé sur la scène internationale dès la fin des années 1970.
Après le calotype, les tirages chromogéniques et, plus récemment, les transferts d’émulsions polaroïd, c’est désormais à l’aide de la technologie numérique qu’il réalise ses floreros et autres fruteros tout en se nourrissant toujours de la tradition picturale.
Catany, depuis toujours attaché aux procédés anciens, artisanaux, s’est sans encombre « converti» aux appareils digitaux et, grâce à une fonction proposée par sa caméra, réalise désormais ses prises de vues dans une obscurité presque totale.
En résultent des images parfois à la limite de la lisibilité, aux noirs profonds, riches pourtant de nuances que l’oeil ne pourrait déceler sans cet artifice.
Du noir, donc, mais aussi des teintes étranges, irréelles, résultat des aberrations et des distorsions chromatiques liées au processus.
Chatoyantes, exubérantes, ou au contraire dépouillées à l’extrême, d’une austérité presque morbide, ses natures mortes sont une fois encore le reflet des humeurs, des états d’âme de l’artiste catalan.
D’une certaine manière, on pourrait également qualifier les photographies de Bogdan Konopka de «natures mortes », ses paysages autant que ses vues urbaines étant exempts de toute présence humaine – même s’ils en gardent souvent comme une trace en creux.
Les villes semblent désertées, les intérieurs abandonnés. Tout paraît figé dans le temps, empreint d’une mélancolie sourde. On songe au Prague de Sudek, plus encore au Paris d’Atget. Les rues, les parcs, les cimetières de la capitale française se donnent à voir sous un jour inédit, comme si le photographe n’en avait gardé que l’ossature en les débarrassant d’une vitalité et d’une ferveur intruses.
À Paris ou dans les villes de la Mittel Europa, le photographe pose un même regard volontiers nostalgique, proustien même, sur des lieux et des choses que l’on aimerait immuables.
Lorsqu’il place sa caméra de grand format en pleine nature, à proximité de cours d’eau – ruisseaux, cascades – il confère à ces derniers une aura quasi féerique, les longs temps de pose donnant à l’eau cet aspect laiteux qui fascinait déjà dans les images réalisées par les opérateurs primitifs du XIXe siècle.
Ici aussi, le noir tient lieu d’étalon, obligeant l’oeil à s’attarder pour découvrir des détails d’une finesse a priori insoupçonnable.
* Une première présentation de son travail avait constitué l’exposition inaugurale de la galerie en octobre 2004