Galerie Exprmntl 18 rue de la bourse 31000 Toulouse France
EXPRMNTL Galerie propose pour cette rentrée 2008, en parallèle au 'Printemps de Septembre' (Festival d'art contemporain), une sélection d’artistes internationaux en collaboration avec Jérome
Jacobs (Aéroplastics). Les oeuvres présentées manifestent un esprit de contestation affirmé voire parfois cruel et proposent aux visiteurs des visions et expériences 'physiques' voire troublantes de
l'art actuel.
Cette exposition dénonce à sa manière les paradoxes d’une société bâtie sur la raison du plus fort, les intérêts trop évidents, les mensonges flagrants, les raisonnements viciés, l’omniprésence des
guerres dont l’argent est l’unique moteur... Un monde dans lequel les trois quarts de la population meurent de faim et où le dernier quart fait le régime.
Ainsi ces artistes dressent un portrait décadent et violent autour de problématiques liées à l’environnement politique et social (au travers d'un ensemble de sculptures, peintures, photographies et
vidéos) dont la force et l’émotion qui s’en dégagent balaient tout discours ‘surintellectualisé’.
Où l’art même, soit disant engagé, est pourtant parfaitement conforme à la pensée ambiante, et dénaturant ainsi la valeur même du risque et de la responsabilité de l’engagement politique et
artistique.
Toutefois ce simulacre n’échappe pas à certains artistes qui condamnent ces faux-semblants.
Gavin Turk, artiste britannique né en 1967, explore la signification du statut de l'artiste, interrogeant les notions d'auteur, d'authenticité, d'originalité et de valeur.
À la fin de ses études en 1991, lors de l'exposition des diplômés, Gavin Turk montra un atelier entièrement vide qui ne contenait qu'une vitrine à la Joseph Beuys. À l'intérieur de cette vitrine, une
plaque bleue, comme celles qui ornent les monuments historiques anglais, et sur laquelle on pouvait lire : "Borough of Lensington / Gavin Turk Sculptor / Worked Here 1989-1991" [Arrondissement
de Lensington / Gavin Turk, sculpteur / a travaillé ici de 1989 à 1991]. Mais le Royal College of Art sembla ne pas goûter la plaisanterie et refusa de valider son année.
Au moment où les Jeunes Artistes Britanniques, tels Damien Hirst, Tracy Emin ou Sarah Lucas, se propulsaient au rang de stars, Gavin Turk entreprenait, lui, de parodier le culte de la personnalité
voué par le monde de l'art à certains artistes et la primauté de la signature d'un artiste sur la valeur intrinsèque de l'oeuvre d'art qui en découle, qu'il s'agisse de son évaluation économique ou
institutionnelle.
Carlos Aires** aborde la création lui aussi dans l'humour et la dérision avec sa série de vieux vinyls découpés qui dessinent des personnages dans des postures sexy ou violentes.
Les pratiques de ces artistes, et plus particulièrement Dominic MCGill* et John Isaacs* témoignent d’une excentricité typiquement anglaise à travers laquelle se croisent humour et rigueur : chez
Dominic Mc Gill, pour qui le culte rendu au progrès se traduit surtout par la perte progressive de toute humanité ; ainsi le caniche toiletté dans un manteau de fourrure rose– libre de ses
mouvements malgré sa laisse en diamants–, a-t-il déjà gagné la lutte à mort engagée avec le loup – pris au piège. Dominic McGill est un artiste britannique installé à New-York qui aborde
singulièrement des thèmes sensibles comme la guerre, les armes nucléaires, les religions à travers d' immenses et très complexes paysages dans lesquels le spectateur est invité à voyager à la
recherche du détail, du mot qui va le toucher.
John Isaacs dont l'apparente franchise et la simplicité de l'oeuvre laissent transparaitre une sensation de malaise et d'anxiété, indiquant que notre vie moderne et ses conceptions ont quelque
chose de faussé, de disjoncté, de déséquilibré.On peut dire qu'Isaacs est une sorte de moraliste des temps modernes faisant appel à notre sentiment collectif de culpabilité par rapport la
discordance entre la réalité du monde et ce que nous voudrions quil soit.
Andres Serrano et Yoshua Okon* poussent les limites de l’acceptable ; Le premier en s’emparant d’images souvent pornographiques, religieuse ou violentes, régulièrement censurées aux Etats-
Unis, le second en dressant un parallèle entre une jeunesse bourgeoise déjà blasée et une population issue des favelas poussant à l’extrême sa condition de vie. Dans la vidéo 'Rinoplastia'
(Rhinoplastie) des non acteurs jouent leurs propres roles avec un haut degré d'improvisation.
Jouant avec les extrêmes et les tabous de la norme contemporaine, cette exposition révèle un certain nombre de vérités désagréables dont nous sommes tous conscients, du moins dans une
certaine mesure, mais que nous refusons de voir {3{. L’enjeu réel des guerres et l’obédience des hommes sur les femmes encore présent, dont les mécanismes pulsionnels ne sont pas très
éloignés, en font partie.
Ainsi Shadi Ghadirian fait poser des femmes voilées avec des aspirateurs ou des cannettes de Pepsi : la photographe Shadi Ghadirian est célèbre dans le monde entier pour ses portraits plein
d'humour de ménagères iraniennes. Nous vous présentons dans cette exposition des extraits de deux de ses séries, « Like everyday » (« Comme tous les jours ») et « Ghajar ».
Etre photographe en Iran exige du doigté. Pas question d’aborder les problèmes de la société iranienne en ignorant la multitude d’interdits édictés par les Mollahs depuis la révolution islamique de
1979. Toute allusion, aussi légère soit-elle, à la sexualité est jugée comme un crime relevant du droit commun. Une femme ne peut être photographiée sans le voile obligatoire dès qu’elle apparaît
dans un espace public.
Pour Shadi Ghadirian, rien n’est plus stimulant que les contraintes. La jeune femme se livre à une critique en règle de la condition féminine dans son pays avec l’arme redoutée par tous les
régimes autoritaires : l’humour. Dans sa série « Like everyday » elle surperpose aux visages de ses femmes en tchador des ustensibles ménagers : un balai, un fer à repasser, une casserolle...
Entre portrait et nature morte ces photographies déclinent le thème universel de la « femme objet ». Dans son autre série « Ghajar », elle s’en prend spécifiquement à sa société iranienne régie par
les lois islamiques datant du VIIe siècle. En s’inspirant des portraits photographiques qui se réalisaient au XIXe siècle en Iran sous l’époque Ghajar, Shadi Ghadirian fait poser ses femmes voilés
avec un objet contemporain : poste de radio, aspirateur, cannette de Pepsi Cola... L’artiste révèle ainsi les contradictions qui pétrissent une société au demeurant d’une grande complexité. Et au
coeur de laquelle des femmes décidées à ne plus s’en laisser conter comme Shadi Ghadirain occupent de plus en plus de place.
Olivier Blanckart aussi se plait à contester par ce biais, non sans risque non plus, si l’on sait le scandale causé par sa sculpture de J.Chirac en centaure incontinent. Ainsi sa vénus sous les traits
de Catherine Millet truffées de vulves et triomphant du haut de ces 3 mètres, fera t-elle la couverture d’un futur Artpress ?
David Nicholson*, artiste né à Montréal et vivant à Austin, (Texas-Usa) sera lui invité cet été, avant l'exposition pour réaliser des peintures en résidence à Toulouse.
Voir des peintures à l'huile de David Nichoson en reproduction c'est comme lit lire une mauvaise version de Shakespeare. Les thèmes sont assez éclatants pour etre considérer comme de '
l'entertainment ' ,,mais sans ce language extraordinaire emprunt de paillardise, sang et provocation. Dans la chair, Nicholson théâtralise des images de façon réalistes qui évoquent la technique,
l'habilité et le sensationnalisme des sujets de Delacroix, Gros et Gericault. Les sujets (des amis Bohèmes ou des scènes d'animaux sauvages )sont souvent de plein pied, dans le style des portraits
du19ème siècle mais aussi des scènes allégoriques qui dépeignent sa femme et muse en pute brillante ou en sorte d'ange déchu néo goth.David Nicholson dépeint une notion d'idéal de beauté
cher à nos sociétés contemporaines avec cette mise en avant de la pornographie.
L'art ne nous a t'il pas déjà offert les filles rondes et 'cellulitées' de Rubens, décharnés et anorexiques de Schieles comme autant de gamines négligées.
Frances Goodman* s’approprie des expressions (de bodybuilders en l’occurrence) ou des impressions (écrites dans les toilettes de bars) telles des maximes qu’elle brode sur des tissus précieux
telles des ornementations provoquant un décalage entre le texte et la pratique typiquement féminine de la broderie.
André Bour et Stephen J. Shanabrook, sur ce même principe d’opposition, dénonce la violence du monde par l’utilisation de matières soyeuses et raffinées. Sa dernière création au titre
évocateur :‘Saturne dévorant ses enfants’ révèle une certaine cruauté des êtres humains présente dès le plus jeune age.
La sculpture de Stephen J. Shanabrook « On the road to heaven the highway to hell » est en chocolat et représente une scène particulièrement effroyable, à savoir le moulage des restes d’un
kamikaze. Paradoxalement, le traitement classique de l’oeuvre donne à voir une scène paisible dans une des plus abominables formes d’autodestruction. Cette sculpture a déjà fait polémique outre
atlantique en raison de cette combinaison parfaite entre forme classique intemporelle et annihilation contemporaine.
De son coté la peinture de Ronald Ophuis** est bien moins attractive qu’elle n’y paraît lorsque que l’on apprend que ces magnifiques fleurs peintes à grands renforts d'épaisses couches d' huile
sur la toile représentent les ‘fleurs du mal’, avec son titre aussi évocateur que référentiel : « Srebrenica » en référence aux massacres en Bosnie-Herzégovine.
Autant d’artistes qui mettent en avant ce besoin de contestation et de dénonciation pour lutter et conserver une part de liberté que seul l’art peut encore (se) permettre et qui reste toutefois le
dernier rempart contre une société perverse, destructrice et aliénante.
Le travail vidéo présenté dans cette exposition de Samuel Rousseau rejoint également cette vision avec l'installation vidéo/sculpture « Montagnes d'incertitudes »
Ryuta Amae, Vincent Bergerat, Léopold Rabus* et Nicolas Kahn* & Richard Selesnick* constituent en quelque sorte le second volet de cette exposition, cet entre-deux, si peu accessible aux
communs des mortels, que représente cette part inestimable de l’art ; La subtilité et la poésie qui nous éloignent un temps de cette triste réalité et nous font perdre dans les méandres de notre
imaginaire.
Ryuta Amae et Vincent Bergerat fabriquent des images grâce à de subtiles manipulations numériques. Ces mises en scène élaborées avec précision et un souci esthétique proche du romantisme,
sont d’une richesse qui transcendent notre regard de sorte à faire durer le temps pour comprendre le sens de ces oeuvres.
Au-delà de la prouesse technique, ces photographies, pareilles à des rêves éveillés, questionnent avec acuité les rapports qu’entretiennent l’image enregistrée et la mémoire : la manipulation
digitale s’apparente-t-elle à l’altération du souvenir ?
Les grandes vues panoramiques de Kahn* & Selesnick*, sont de véritables contes photographiques. Ils créent un monde onirique, qui renvoie à une renaissance du monde après un chaos.
L’oeuvre de Léopold Rabus*, peuplée de personnages proliférants, aux multiples références renvoie à l’univers de Jérôme Bosch, d’Edgar Poe, Francis Bacon, Pat Andrea, Marcel Duchamp, etc.
Un monde grotesque au sens où l’absurde procède à un surcroi^t de significations dans une sorte de beauté surnaturelle qui laisse présager un artiste ‘hors du commun’
Des oeuvres inoubliables au point de se glisser dans la matrice de notre conscience et comme des miettes de nourriture intellectuelle irritantes se logent entre les dents de notre pensée. {4{