Découvrir ce que l’on sait déjà, voilà ce que propose l’étrange « collection du quotidien » de Laetitia Brun. Ses guides établissent une méthode à suivre pour accomplir les actes les plus anodins et routiniers ; ce que l’artiste appelle la « chose banale ». Se laver, se brosser les dents, se coucher. Des rites disséqués avec une minutie quasi scientifique. En jouant sur un rapport obsessionnel à ce qui l’entoure, Laetitia Brun pousse jusqu’à l’absurde les manies d’une société qui procède à une entreprise de rationalisation systématique : nommer une chose pour mieux la maîtriser.
Nulle définition chez Marion Roux. Textes et images se font écho et forment, à eux deux, un récit autobiographique – évoquant le rapport au temps et aux objets de la photographe. Si bien qu’il est impossible de savoir si ce sont les mots qui éclairent les photos ou bien l’inverse.
En décrivant dans de petits carnets, sans les montrer, les images qui l’ont marqué depuis l’enfance - photographies de famille, souvenirs figés dans l’instant, illustrations de magazine – Bruno Dubreuil signe ce que l’on pourrait appeler des « mémoires visuelles ». Suspendus au plafond, les livrets permettent aux visiteurs de reconstituer mentalement les images qui ont fait le photographe, et l’homme. Le langage se substitue à l’immédiateté des formes et des couleurs, poussant le lecteur à fouiller dans son propre univers. Car, que serait le pouvoir évocateur des mots sans la mémoire de ce que l’on a vu ?