© Classe de CM1 de Mme Géraldine Jézequel Ecole La Plaine, Cachan
Expositions du 3/5/2017 au 1/6/2017 Terminé
Maison de la Photographie Robert Doisneau 1 rue de la Division du Général Leclerc 94250 Gentilly France
Communiqué de presse :Maison de la Photographie Robert Doisneau 1 rue de la Division du Général Leclerc 94250 Gentilly France
16ème édition de La Photographie à l’école
Photographes intervenants : Leïla Garfield, Gilberto Güiza Rojas et Rafael Serrano
Dès 2001, la Maison de la Photographie Robert Doisneau s’est engagée dans l’éducation à l’image avec son programme La Photographie à l’école. Intégré au cursus scolaire de 10 classes, ce projet pilote en France s’adresse aujourd’hui à 250 élèves de CM1 et CM2 ainsi qu’à des adolescents du Centre hospitalier de la Fondation Vallée à Gentilly. Ces ateliers proposent des formes innovantes d’exploration par l’image et tentent d’apporter des propositions face à des questionnements territoriaux et sociaux.
Cette 16ème édition, dont le thème est « Venir d’ailleurs... », est une invitation aux déplacements des objets, des corps mais aussi des espaces. Chacune des images produites ici apparaît comme une réponse lucide aux débats identitaires qui animent depuis quelque temps notre société. Par un travail méticuleux sur l’objet en photographie et le « chez-soi », les trois photographes intervenants - Leila Garfield, Gilberto Güiza Rojas et Rafael Serrano - ont en effet pu développer cette thématique questionnant l’altérité et le « vivre ensemble ». Venir d’ailleurs ne signifie pas forcément venir d’un pays étranger plus ou moins lointain. L’ailleurs peut être, au contraire, très proche de nous, à quelques rues, quelques mètres ou même quelques pas. L’ailleurs passe par le langage, les habitudes et les lieux mais aussi par les choses que l’on possède et conserve : « un objet, aussi simple soit-il, contient une histoire individuelle mais aussi collective » expliquent Gilberto Güiza Rojas et Rafael Serrano soulignant ainsi que l’ailleurs se niche dans chaque recoin de notre passé, de notre présent ou de notre futur. Du reste, la vision de l’ailleurs de ces élèves âgés de 8 à 15 ans a de quoi nous surprendre et nous étonner.
© Classe de CM2 de Mme Yasmine M’Barek - Ecole Robert Doisneau, Fresnes
Les accumulations de photographies d’intérieurs présentées en début d’exposition nous plongent dans l’univers singulier de nos domiciles. Cette collecte visuelle réalisée par les enfants eux-mêmes raconte notre intimité quotidienne mais révèle en même temps les affinités et les récurrences, autant de signes d’une appartenance à une société commune. Chambres, salons, salles de bain et cuisines exposent ici leurs formes et leurs contenus - meubles, objets divers, etc.- . Les décorations de chaque pièce individualisent chaque foyer mais les aménagements et les agencements restent, quant à eux, quasiment identiques : la télévision et le canapé identifient le salon, le lit et le bureau incarnent la chambre, le rideau de douche et les brosses à dents accompagnent bien logiquement la baignoire et le lavabo. Ce constat exécuté à la hauteur d’un regard d’enfant rend compte, non pas de nos différences, mais de nos similitudes au sein de notre « chez-nous ».
Pendant les ateliers, les élèves ont été invités à s’approprier ces photographies d’intérieurs. Projetées dans les salles de classes, ces images ont été utilisées comme décors permettant à chacun de mimer les gestes habituellement associés à chacune des pièces qui composent un foyer. Au-delà des fous rires, les participants ont ainsi eu l’occasion de s’immerger dans les appartements ou maisons de leurs camarades tout en découvrant le territoire familier et parfois secret de l’autre. L’intime est alors devenu un espace partagé, une confrontation physique et un sujet d’expérimentations plastiques.
Les objets sont omniprésents dans nos domiciles. Certains tiennent une place de choix, d’autres restent parfois à l’abri des regards. Quotidiennement manipulés ou, au contraire, rarement touchés, oubliés presque, ils partagent néanmoins notre espace et nous qualifient : l’emplacement, le rôle et le sens que nous attribuons à l’objet domestique laissent deviner des habitudes, des pensées, etc. expliquent qui nous sommes.
© Classe de CM1 de Mme Chloé Hanquier - Ecole Gustave Courbet, Gentilly
Ils ont été apportés en classe par les élèves pour être observés et photographiés hors de toute habitude et de tout contexte. La thématique mise en place par les trois artistes intervenants a aussi pour finalité de « d’utiliser ces objets pour permettre aux élèves de réfléchir à leurs intentions photographiques » explique Leila Garfield. Mis en scène en studio, l’objet révèle avec intensité sa valeur plastique et esthétique. Attentif aux formes, aux détails et à la lumière, les participants ont alors inventé des agencements, trouvé des angles d’approche. Loin d’être des photographies naïves ou hasardeuses, leurs résultats sont remplis de discours et de sincérité.
Créer une image photographique est aussi une opportunité pour exprimer des choses relevant curieusement de l’indicible. Ainsi, les adolescents de la fondation Vallée (Centre Hospitalier Interdépartemental de Psychiatrie Infanto-Juvénile) questionnent notre lien aux choses intimes et privées : l’objet choisi par les élèves est certes parfois photographié avec humour et dynamisme mais les prises de vues réussissent aussi à saisir l’impalpable et insaisissable sentiment d’appartenance face à un objet « personnel ». Questionner l’ailleurs pour de jeunes photographes c’est aussi questionner ses repères et sa propre identité.
Ensembles, ces objets ne pointent pas du doigt nos différences, mais affirment notre diversité culturelle et traduisent la richesse de notre société. Ils traversent aisément les époques, les frontières et restituent une mémoire collective à travers des histoires individuelles. Venir d’ailleurs exprime ce dialogue silencieux et pourtant vif entre les enfants et le monde qu’ils construisent.
Lucine Charon
© Classe de CM1 de Mme Patricia Bachelier - Ecole Charles Péguy, Le Kremlin-Bicêtre