Lundi 13 Mars 2017 15:32:13 par Emilie Lemoine dans Actualités

« Nous nous parlions encore au téléphone hier, il était plein de projets » : le message d'Anne Clergue envoyé aux rédactions le 10 mars est empreint de tristesse et de regrets. Car à 98 ans, John Stewart avait encore l'envie d'écrire, de photographier, de vivre en somme.

La galeriste arlésienne lui avait consacré une exposition en 2014 et 2015. L'homme avait une relation très forte avec http://fr.actuphoto.com/hashtag/arles">Arles dont il avait reçu la médaille pour son action pendant la guerre. Né à Londres en 1919, John Stewart avait grandi à Paris. Son aventure avec la photographie avait d'ailleurs commencé dans le sud de la France, en saisissant quelques images de Picasso, Matisse et Braque.

Au début des années 1950, il était parti à New York avec ses photos sous le bras et avait suivi les cours hebdomadaires d'Alexei Brodovitch, le directeur artistique d'Harper's Bazaar. Ce dernier lui fit d'ailleurs signé un contrat. Stewart travaillera aussi pour Fortune et Vogue.

En 1976, John Stewart était revenu en France pour offrir le meilleur de sa photographie, notamment à travers ses sublimes http://fr.actuphoto.com/hashtag/arles">Arles en noir et blanc. Ou l'art et la manière de rendre poétique la cosse d'un haricot. Des tirages http://fr.actuphoto.com/hashtag/arles">Arles qu'il faisaient lui même tandis qu'il laissait ceux au charbon à l'http://fr.actuphoto.com/hashtag/arles">Arles. Denses, contrastés, d'un autre âge, laissant parfois éclater le sourire d'un papillon nommé Muhammad Ali ou le bleu mystérieux d'une fleur thaïlandaise. Son travail délicat sur les draperies mérite également le détour.

En 2008, l'ouvrage John Stewart, présentant le travail personnel de l'artiste depuis 1975 (Verlhac Editions), s'ouvrait avec les mots de Jonathan Littell. L'écrivain s'interrogeait sur la notion de « stillness », au cœur de l'oeuvre du photographe, et qui n'a pas d'équivalent français : elle n'est ni l'immobilité ni le calme. En son cœur au contraire, selon Littell, « il y a la tension du temps, une vibration maîtrisée ; son silence assourdissant est de celui qui suit une explosion. D'où vient-elle, de quoi est-elle faite ? »

On ne le saura sûrement jamais. Et c'est là toute la magie des photographies de John Stewart.


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