La Marmite, série « L'Auberge » © Estelle Lagarde / agence révélateur
Dans cette nouvelle série photographique, Estelle Lagarde jongle avec les archétypes de la fiction et de la représentation. Qu’elle soit théâtrale, cinématographique ou littéraire. Elle joue avec nos ambiguïtés, nos peurs, nos instincts. Par un travail délicat et précis sur la lumière, la transparence induite par les multiples temps de pause, elle poursuit et développe en cela son travail sur l’apparence et le trompe l’œil. Sa photographie, ouvertement du côté de la mise en scène, décrypte avec une jubilation teintée d’humour les faux-semblants et les codes de notre histoire intime ou sociale.
C’est hors du temps que semblent avoir trouvé refuge les personnages qui peuplent l’étrange auberge d’Estelle Lagarde. Comme si un lien invisible les avait tous attirés en ce même lieu. Réunis, ils composent une intrigante palette de protagonistes, flottant entre une réalité décalée et une fiction matérialisée. Quelques signes laissant entr’apercevoir que ceci n’est peut-être au final qu’une farce surréaliste.
Cependant l’indécision demeure. Le doute est toujours là, à chaque image. Quel crime, grand ou petit, quel pécher, mineur ou capital, a conduit chaque personnage à trouver abri dans une des chambres de l’auberge ou bien dans la salle de restauration ?
Que cache à son époux le regard suspendu de cette jeune mariée ? Et ce jeune garçon joignant ces mains en signe de prière, que peut bien t’il confesser ?
La Plume, série « L'Auberge » © Estelle Lagarde / agence révélateur
Mais ce ne sont pas dans les chambres que le plus menaçant et le plus incongru se conjuguent. En effet, quel secret cache cette dame en noir attablé dans un coin de la salle à manger ? Elle semble tout droit sortie d’un roman de Gaston Leroux.
Et quels étranges mets et plats sont servis aux convives attablées ? Quel syndrome les a frappé pour être sur le point de tenter l’anthropophagie ? Le gibier ne leur suffit-il plus ?
Paradoxalement ce sont peut-être les saynètes les plus poétiques et non celles explicitement les plus « effrayantes » qui créent le plus grand trouble.
Oserez-vous rejoindre les pensionnaires de «L’Auberge» ?