© Gilles Saussier
Expositions du 23/9/2016 au 19/11/2016 Terminé
Le bleu du ciel 12, rue des fantasques 69001 Lyon France
Communiqué de presseLe bleu du ciel 12, rue des fantasques 69001 Lyon France
SPOLIA
Les spolias désignent le réemploi ou la réutilisation, notamment sous l’empire romain tardif, de pièces et œuvres d’art de monuments romains antérieurs comme matériaux de construction dans un nouveau monument.
Avec Spolia, Gilles Saussier poursuit son interrogation croisée de l’histoire contemporaine de la Roumanie et de la sculpture moderne, de Brancusi au minimalisme. Il part de faits réels et d’éléments d’enquêtes comme la découverte d’une copie à échelle 1 de La Colonne sans fin produite en 2001 dans l’usine où l’oeuvre originale avait été fabriquée.
Prolongeant les séries du Tableau de chasse (2010), Spolia révèle un arrière-pays roumain de Brancusi dans lequel émergent plusieurs entités :
• Le monde du métal dans l’usine des Ateliers centraux des mines de Petrosani (ACP), où fut fabriquée la Colonne sans fin en 1937, et son clone en 2001.
• Le monde du charbon dans la ville voisine de Petrila, dont le puits minier s’enfonce de près d’un kilomètre sous terre, comme le négatif inversé de la Colonne sans fin.
• Le monde de la pierre et du Jiu, en suivant la ligne de chemin de fer Bumbesti – Livezeni qui fut le grand chantier patriotique et monumental de la Roumanie communiste (1948).
• Le monde du bois et l’architecture vernaculaire dans les campagnes proches de Târgu-Jiu et du village natal de Brancusi, Hobita, au pied des Carpates.
Ces entités sont autant de visites d’atelier rendues à un sculpteur, le Jiu, dont le cours serpente comme la colonne liquide de cet arrière-pays de Brancusi. Méandres d’où médite sur les prolongements de la révolution roumaine : minériades pendant lesquelles les mineurs de la vallée du Jiu marchèrent sur Bucarest et s’attaquèrent aux forces démocratiques (1990-1991), ruine et fermeture des sites miniers et industriels depuis 1997, décadence des figures populaires de l’aristocratie ouvrière (mineurs, métallos, cheminots).
Au partage abusif du monde entre réel et fiction, Saussier oppose l’immanence d’un en-deça du réel que le photographe recueille et libère par une taille patiente dans le matériau documentaire.
© Gilles Saussier
© Gilles Saussier