'The Mountain Journey' - Camp de Nyarugusu, Tanzanie © Patrick Willocq Iveye, six ans (à gauche), portant sa soeur de 18 mois Rebecca sur son dos, rejoue leur périple de 5 jours en montagne pour rejo
De nombreuses photographies d'enfants réfugiés ont fait le tour du monde et marqué les esprits. On pense au petit Aylan Kurdi, l‘enfant syrien retrouvé mort le 2 septembre 2015 sur une plage en Turquie, et aussi à cette photo de Warren Richardson (World Press 2016) montrant un père passant son bébé à travers les fil de fer barbelés qui marquent la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Qu'elles soient prises quand il est déjà trop tard ou non, ces photos nous font douloureusement prendre conscience de la dure réalité des enfants réfugiés. Patrick Willocq, choisit, pour sa part, de ne pas photographier ces réalités sur le vif.
'Education' - La Vallée de Bekaa, Liban © Patrick Willocq
Hatem, 15 ans, a passé quatre ans dans le camp. Il est d'abord allé à l'école pendant deux ans, mais a dû arrêter car sa famille n'avait pas d'argent pour payer ses études. Il aimait l'école et ses sujets de prédilection étaient les mathématiques, l'anglais et l'arabe. Hatem avait prévu d'aller à l'université et de rejoindre l'armée mais maintenant, tous ses rêves sont anéantis. Il dit qu'il est « triste » et qu'il a « peur » quand il pense à son futur. Il vend maintenant des vêtements dans un marché et pratique la danse Dabke dans le camp pour rester occupé.
Il laisse de côtés les tentations du photojournalisme et, avec l'aide des parents, des enfants et des artisans réfugiés. Il recrée des univers, construit des décors et imagine des mises en scène où les enfants sont vivants et actifs : « Frustré que la plupart des photos des enfants réfugiés dans les principaux médias dépeignent des images de désespoir et d'impuissance, je voulais ici que les enfants racontent leurs propres histoires à leur façon ». Chaque photo est le reflet d'une ou plusieurs histoires. Toutes les mises en scène foisonnent de détails, de couleurs et le photographe a recours à tout ce que son imagination lui souffle - dessins, mimiques, textes, lumières dramatiques - pour faire passer son message le plus clairement possible. Sur ses photos, les enfants jouent un rôle, le leur ou celui de leurs camarades réfugiés. Ils parlent au nom de tous et nous donnent à voir des situations que nous avons déjà vues, même si nous avons eu la chance de ne pas les vivre. Qui n'a jamais croisé un petit garçon essayant de vendre des roses au restaurant ou une fillette jouant de la musique pour récolter quelques pièces ? Nous connaissons un pan de leur quotidien mais pas forcément leurs rêves. Or, c'est bien eux que Patrick Willocq tient à mettre en scène, comme pour leur donner vie et couleurs.
'Doctor Malaria' - Camp de Nyarugusu, Tanzanie © Patrick Willocq
Cette image représente le rêve d'un jeune garçon, Anicet, 10 ans, qui veut devenir un médecin traitant le paludisme quand il sera grand. Le paludisme est la principale cause de décès dans le camp de réfugiés de Nyarugusu où vit Anicet. Ayant fui son Burundi natal avec ses grands-parents il y a près d'un an, Anicet, participe à un espace « Child Friendly Space » géré par Save the Children dans le camp. Son rêve représente ceux de dizaines de milliers d'enfants qui ont fui le Burundi et l'espoir d'un avenir meilleur grâce à l'éducation.