« Et si, au lieu d'un pistolet, un soldat avait une guitare ?» © Jamal Penjweny
Depuis qu'il est photographe, Jamal Penjweny cherche à transformer, ou du moins, à enrichir notre perception du monde grâce à ses photos. Enfin, à plus petite échelle, il avait, en 2013, souhaité donner une autre vision de l'Irak, trop souvent photographié comme un pays en guerre et réduit à n'être plus que cela. Sa série http://fr.actuphoto.com/23863-jamal-penjweny-et-son-irak-volant.html"avait donc pour objectif de montrer ce qu'il y avait de positif et de vivant en Irak. Une finalité reprise cette année pour sa série Pink in dream : sur des images en noir et blanc, au sujet triste ou mélancolique, il réalise de petits dessins rose fushia, comme pour ajouter à la scène touche d'espoir personnel. Grâce à ces dessins, il repeuple une chambre, sauve une vieille femme d'une solitude peut-être pesante en l'entourant de plusieurs personnages... Il rend aussi son bras à un jeune homme qui n'en a pas et recrée un couple uni et heureux dans la main d'une maman qui tenait la photo d'identité d'un homme seul.
« Ceci est la première chambre de Saddam Hussein. L'image nous interroge sur ce qu'il aurait été s'il avait été une personne normale. » © Jamal Penjweny
« Ceci est l'image d'une femme qui a perdu tous les membres de sa famille. Maintenant, elle les imaginer en train de danser autour d'elle.» © Jamal Penjweny
« Ce garçon a perdu ses yeux et une main quand une mine a explosé sur lui. Il imagine maintenant le monde à travers ses yeux vides, tout comme sur la photo». © Jamal Penjweny
« La main d'une mère qui a perdu son fils; il était sur le point de se marier, maintenant, elle ne verra jamais son mariage. » © Jamal Penjweny
Alors que les photographes réalisent de nos jours des miracles avec Photoshop et Lightroom - il est très facile de modifier un arrière-plan, de rajouter des personnages à une scène qui en comptait moins auparavant et même de rhabiller un modèle avec les vêtements que l'on a en tête au moment de la post-production - Jamal Penjweny a décidé de faire ses petits rajouts de manière très artisanale, sous forme de dessins tout simples, de silhouettes ou de fleurettes, esquissées, à ce qu'il semble, assez vite, comme s'il y avait eu l'urgence de rattraper une situation désastreuse. Le rose introduit de la vivacité sur ces photos et métaphorise l'imaginaire d'un photographe qui aimerait de tout son coeur que certaines situations soient moins désespérées que dans la réalité. Ses interventions graphiques, qui contribuent à dévier le destin des personnages de ses photos, à leur imaginer une autre vie, sont salvatrices. Si certains dessins nous touchent, d'autres, empreints de légèreté, font sourire. Mais ça, c'est avant d'avoir lu la légende qui accompagne la photographie... La dualité du réel - Jamal Penjweny rejette toute attitude simplificatrice - est présente et visible sur ses photographies.
« Ceci est une photo de marais dévastés par la sécheresse en Irak. Tous les poissons sont morts et les pêcheurs ne pouvaient plus aller pêcher ou obtenir quelque chose à manger.» © Jamal Penjweny