Portrait, Népal © Asca Sr Aull
Mettre en valeur la photographie contemporaine, souvent oubliée des galeries et des magazines spécialisés, faire connaître des auteurs et des illustrateurs que l'on n'a pas l'habitude de voir sur le devant de la scène, faire en sorte qu'une version pdf gratuite de leur livre-magazine soit disponible pour tous : voilà quelques-uns des louables objectifs de l'association Corridor Éléphant, qui édite ce magazine bi-mensuel depuis 2012. Ce Niepcebook n°2 compte 270 pages de photos, de textes et d'interviews. Une véritable mine d'informations. En espérant que nos 5 bonnes raisons de le lire vous donneront envie de vous y plonger !
1) « 10 photographes, 10 regards, 5 pays, 10 façons d'appréhender ou de recréer une réalité » : voilà ce que promet l'équipe éditorial au début de l'ouvrage. On vagabonde donc très naturellement d'un univers photographique à un autre, et pour chaque artiste, une interview nous est délivrée, presque en direct.
© Eve Morcrette
© Eve Morcrette
2) 19 pages sont, dès le début du livre, consacrées à la photographe Eve Morcrette, et c'est, il faut l'avouer, l'une de celle dont le style nous a le plus charmé. Si elle aime les noirs très noirs pour plonger ses modèles dans une obscurité totale, elle aime aussi les blancs très blancs qui soulignent l'immatérialité des corps et des êtres. Ses modèles se dédoublent très légèrement, et il y a au cœur de ses photographies quelque chose de vaporeux, de fantomatique. Comme un frémissement mystique. Dans une lettre du 7 août 2003, Willy Ronis félicitait Eve Morcrette pour son « audace » dans son « traitement du flou », non sans lui confesser avoir aussi aimé « la poésie » de ses « nus ». Houlala Willy !
Equinoxe de printemps, Paris, Ile St Louis © Asca Sr Aull
3) Si vous aimez autant les mots que les images, ce « mook » est fait pour vous. Chaque série photographique est introduite par un texte d'une quinzaine de lignes et certaines formules ne manqueront pas de vous mettre l'eau à la bouche. A propos d'Asca Sr Aull : « Il existe dans chaque photographie une forme d'exorcisme ou plutôt de magie. Des espaces vagues, des personnages du même type semblent éclairés par une lune étrange. » Quelques photos prises par Asca Sr Aull viennent parer les pages suivantes de leurs couleurs vives. Coup de cœur pour sa lune mi-jaune, mi-orange, toute brillante au milieu de feuillages violets !
Tribale © Pierre Leblanc
4) En fin d'ouvrage, dans un espace exclusivement réservé aux textes, on trouve 7 chroniques terriennes, écrites par un poète, un conférencier, un photographe, etc. Mais pourquoi terriennes ? Y aurait-il des écrivains martiens en passe de chiper la vedette aux nôtres ? Quelques titres pour imaginer ce dont il retourne : Parfois, je la revois, Souvenir d'un noyé, Un coup d'oeil sur le regard, le réel, l'infidélité... Au début de cette dernière chronique écrite par Eduardo Leal Cuncha, la photo fait figure d'indice diabolique : d'après le narrateur, une photo peut très facilement devenir la preuve d'un autre amour, la preuve d'un adultère. « Dans un petit restaurant d'un quartier éloigné, le couple d'amants déjeune en secret. Ils ne peuvent pas être vus. Et pourtant, une coupe de champagne à la main, ils posent pour une photo. Pourquoi des amants qui ne peuvent se montrer ensemble se laissent-ils prendre en photo et pis encore, ont-ils besoin d'être photographiés ? » De l'irrésistible attrait de la photographie et de la contradiction des êtres humains, prêts à être damnés pour avoir un souvenir.
5) Un livre-magazine varié, au contenu généreux ! N'oubliez pas de jeter un coup d'oeil aux éléphants et aux zèbres new-Yorkais de l'illustrateur et photographe André Sanchez avant que l'effet coucher de soleil ne s'atténue !
Zoocity elephants © André Sanchez
Source : http://www.corridorelephant.com/">http://www.corridorelephant.com