©50JPG2016_cameraautocontrole
Expositions du 1/6/2016 au 31/7/2016 Terminé
Centre de la photographie - Genève 28 rue des Bains 1205 Geneve Suisse
Centre de la photographie - Genève 28 rue des Bains 1205 Geneve Suisse
50 JOURS POUR LA PHOTOGRAPHIE À GENÈVE
CAMÉRA(AUTO)CONTRÔLE
UNE EXPOSITION CENTRALE PROPOSEE PAR LE CPG
33 ÉVÉNEMENTS PARTENAIRES À GENÈVE ET DANS LES ENVIRONS.
© Kurt Caviezel
The USERS, 2016
Mural photographique composé de plusieurs centaine d'images
Dimensions variables
Depuis 2003, la triennale 50JPG (50 jours pour la photographieà Genève) propose, à chaque édition, d’explorer une problématique so-cio-politique contemporaine spécifique, le tout en prenant la photo-graphie comme fil conducteur. Axé autour d’une exposition centrale organisée par le CPG, l’événement déploie son propos à travers une vaste constellation de programmations complémentaires conçues par des lieux culturels genevois et de la région, répartis en partenaires «IN» (déclinant la thématique de l’édition) ou «OFF» (propositions touchant à la photographie).
Après Représentation du Travail/Travail de représentation en 2003, Photo-Trafic en 2006, La revanche de l’archive photographique en 2010 et fALSEfAKES qui a connu en 2013 un grand succès tant critiqueque public, Caméra(Auto)Contrôle se déploie à partir d’une exposition principale ambitieuse et à travers les programmations respectives de plus de 30 lieux partenaires de la région, allant cette année d’Annecy à Pully.
L’exposition thématique Caméra(Auto)Contrôle est le noyau dur de la triennale des 50JPG (50 Jours pour la photographie à Genève. Caméra( Auto)Contrôle plonge dans l’actualité la plus brûlante des drones et autres systèmes de contrôle par photo- et vidéo-caméras in-terposées. A ce propos, nous « fêtons » dans le monde entier un quart de siècle de contrôle de l’espace public par des caméras automatiques.Très souvent, celles-ci portent un autocollant avec un smiley demandant aux personnes enregistrées, dans un parking, à la caisse d’un supermarché ou dans les transports publics, de sourire. Certains artistes, des hackers et des militants politiques ont refusé de sourire, tout en détournant momentanément ces dispositifs de surveillance. Leurs actions sont restées isolées, car jamais un mouvement citoyen n’a lutté contre la présence de plus en plus envahissante de caméras dépersonnalisées dans les lieux publics.
Parallèlement, c’est aussi depuis un quart de siècle que des photographes de rue (Street photography), amateurs et professionnels confondus, se font de plus en plus souvent interpeller, voire agresser par des citoyens, ces mêmes citoyens qui acceptent docilement d’être enregistrés 24/24h, où qu’ils soient. Cette attitude schizophrénique pourrait être interprétée comme une intériorisation de l’acceptation passive du contrôle de leur image par des agents qu’ils ignorent. Et l’accomplissement de cette intériorisation pourrait bien être le selfie, où le citoyen sourit à volonté face à l’oeil de son smartphone pour diffuser son autoreprésentation au plus grand nombre de personnes sur les réseaux sociaux, et dans l’immédiat, en se soumettant au contrôle social le plus évident.
Jean-Marc Chapoulie
Monsieur Google, à qui appartient la réalité ?, 2013
Installation vidéo, plaque BA13, 45'
Moulure en plâtre, bois, métal
La métaphore du Panoptique, la prison projetée en vue d’une réforme de la justice anglaise à la fin du XVIIIe siècle par Jeremy Bentham, avec un seul gardien au milieu d’une architecture en forme de cercle ou d’étoile, sans que le prisonnier sache quand il est observé, n’a plus de prise sur la bio-politique de la population telle que Michel Foucault l’avait interprétée, avance Byung-Chul Han. Pour lui, le Panoptique est lié aux médias optiques, tandis que le Big Data, c’est-à-dire toutes les informations nous concernant qui sont traitées par desméga-ordinateurs à l’aide d’algorithmes, permet plus qu’un simple contrôle de nos corps comme dans l’ancien régime. Avec le Big Data, c’est notre psyché même qui est ouverte comme un livre. Ainsi, conclut Byung-Chul Han, il n’y a plus besoin d’un lieu central pour exercer le contrôle de la population. Avec nos cartes de crédit, nos ordinateurs,nos cartes de fidélité, nos smartphones et autres flicages de nos habitudes et décisions, le contrôle peut se faire de partout sur le globe. L’oeil central n’est plus de mise.
João Castilho
Pulsion Scopique, 2012
Double projection photo, 240 images
Dimensions variables
Zygmunt Bauman et David Lyon avaient fait un constat similaire, un an avant Byung-Chul Han. Mais leur analyse est plus nuancée. Pour eux, les personnes admises dans les shopping malls, dans les gated communities et autres lieux semi-privés portent, sous la forme des instruments de saisie cités plus haut, leur propre Panoptique avec elles, comme l’escargot sa maison. Il n’y a plus de point de contrôle central comme dans la prison pensée par Jeremy Bentham et entre autres réalisée à Genève grâce à l’intervention de son traducteur, Etienne Du- mont. Mais pour Bauman et Lyon, qui se réfèrent à Didier Bigo et à son concept du Bannoptikum (« der Bann » signifie en allemand le bannis- sement 3), il y a aujourd’hui 53 millions de réfugiés et migrants vivant ans les conditions de vie les plus précaires qui sont, en tant que rejetés de partout, sous contrôle du Panopticque. Bauman rappelle que ce qui était arrivé à Walter Benjamin lors de sa fuite avortée vers l’Espagne est aujourd’hui le sort d’une humanité exponentielle.
Caméra(Auto)Contrôle se concentre ainsi sur le monde contaminé par le mode de vie occidental, tout en gardant quelques renvois à l’ancien régime de surveillance. L’exposition développe une approche non catégorisée pour faire se croiser les positions les plus diverses, entre le contrôle optique par des drones et l’autocontrôle sur Facebook, entre un caméra-contrôle exercé par des contre-pouvoirs, que ce soit la presse ou des artistes, et l’évocation de l’omniprésence dans nos vies de Google – d’ailleurs sûrement une des entreprises les plus obscures de notre temps, et pas seulement sur le plan fiscal. Sont aussi évoqués les dispositifs de contrôle optique avant Internet, tout comme des mises en abymes ironiques ou mélancoliques de la force de contrôle inhérente à toute caméra, au moins depuis Hippolyte Bayard et au plus tard depuis Alphonse Bertillon. Comme toujours à l’occasion des grandes expositions thématiques du CPG, les supports et les techniques correspondent à la diversité des contenus, allant d’une bâche de camion à des affiches dans l’espace public, du diaporama sur écran plat aux tirages d’art. Une coupe générationnelle à travers l’exposition révéleraitle même souci de mixité de sources, depuis les pionniers des installations CCTV et du found-footage en passant par le détournement du vaste choix des dispositifs de surveillance et des technologies du futur, telles que la génétique et l’impression 3D, jusqu’à la génération «Moi Moi Moi».
Joerg Bader, Directeur du Centre de la Photographie Genève
Hervé Graumann
Bras, Garçon, Jouet, Lotto, Maman, Soulier, Tabac, Veste, 2012
Impression numérique, photographie et extraits de l'annuaire électronique
Vernissage le mardi 31 mai 2016 dès 18h.
COMMISSAIRES : JOERG BADER EN COLLABORATION AVEC SÉBASTIEN LESEIGNEUR.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Visites Guidées
Chaque Samedi À 11:00
Horaires
Mardi—dimanche
11:00—18:00
Tarifs
Normal : 5 chf
Réduit : 3 chf
Artistes, avs, ai, chômeurs, Étudiants et apprentis (sauf étudiants spécialisés), Détenteurs de la carte 20 ans / 20 francs, Groupes dès 10 personnes
Gratuit:
Moins de 18 ans;
Membres du centre de la photographie genève (cpg) ,
De l’amamco, du centre d’art contemporain (cac) ;
Étudiants spécialisés (photographie, histoire de l’art,Beaux-arts, arts décoratifs); journalistes.
Gratuit le premier dimanche du mois et jusqu’à 21h le premier mercredi du mois.