© Katarina Jebb
Expositions du 2/7/2016 au 31/12/2016 Terminé
Musée Réattu 10 rue du Grand Prieuré 13200 Arles France
Le caractère historique d'un lieu hanté par l'esprit des chevaliers de l'Ordre de Malte associé au devenir d'une demeure d'artiste, consacre l'ambiance incroyablement baroque d'un édifice devenu musée en 1868. Jacques Réattu, replié derrière ces murs, de 1796 à sa mort, avait gravé au fronton de l'entrée du bâtiment la devise Nulli Labor Fallax, « le travail ne trahit personne ». Artiste républicain engagé, militant des droits de l'homme, il érigeait ici un temple dédié à la liberté d'expression artistique où, seul, face à son travail acharné, il ne serait plus trahi.Musée Réattu 10 rue du Grand Prieuré 13200 Arles France
Depuis, le Grand Prieuré abrite de son rempart rassurant l'oeuvre d'artistes conquis et fascinés par la force d'un esprit des lieux toujours vivace.
Katerina Jebb n'a pas dérogé à l'attrait du lieu, franchissant le seuil de ce territoire, elle entrait dans l'univers Réattu entraînée par Christian
Lacroix en 2008. La sensualité du textile, des matières et des couleurs y trouvait alors un épanouissement magnifiquement orchestré par le couturier arlésien qui avait investi de son univers créatif la totalité des salles d'exposition.
© Katarina Jebb
Par la suite, les oeuvres de Katerina Jebb ont continué de prendre sens au musée, au travers notamment d'une série spectaculaire de huit photographies intitulées Untitled Icon - 1 à 8. Elle y décline l'esthétique singulière d'une recherche plastique où textiles et corps se mêlent composant de mystérieuses idoles flottantes vêtues de robes de Christian Lacroix.
L'usage exclusif d'un scanner numérique détourne un outil de reproduction industriel et impose des images désormais affranchies de l'une des plus importantes conquêtes de l'art : la perspective. Dans l'oeuvre de Katerina Jebb, l'idée de reproduction en trois dimensions s'efface au profi t d'un hyperréalisme des matières et des chairs. Cette recherche esthétique singulière s'insère parfaitement dans le développement des collections du musée qui s'attache à la photographie plasticienne.
Par ailleurs, l'intérêt de l'artiste pour les reliques de l'histoire au travers de sujets tels que des lettres manuscrites de Marie-Antoinette ou la veste de Napoléon répondent à la nature historique des lieux et des collections. Cette recherche obsessionnelle des traces de l'homme s'applique avec la même pertinence aux vestiges d'ateliers d'artistes comme Picabia, Duchamp ou Balthus, renouvelant ainsi, en image, le concept du ready-made.
Son approche du présent se révèle dans des portraits mais aussi dans des vidéos où Katerina Jebb met en scène, telle des déesses, les héroïnes contemporaines d'un panthéon devenu people : Tilda Swinton, Isabelle Huppert, Kristin Scott-Thomas, Kate Moss, Kylie Minogue ou encore Setsuko Klossowska de Rola, l'épouse du peintre Balthus.
© Katarina Jebb
Le titre, deus ex machina, évoque la magie d'oeuvres nées de la lumière froide d'une machine à laquelle Katerina Jebb concède le pouvoir quasi divin de la création plastique.
Pascale Picard, commissaire de l'exposition