© Emmanuelle Bousquet
Art22 Gallery Place du Jeu de Balle 56 1000 Bruxelles France
Voici, en exclusivité nationale, la première exposition personnelle de cette artiste, née à Nîmes en 1979 et lauréate des Rencontres photographiques d’Arles en 2006.
Dès son enfance, Emmanuelle Bousquet est fascinée par la photographie. A l’âge de dix ans, elle se focalise directement sur la féminité et saisit sur la pellicule son visage et ceux des femmes qui lui sont les plus proches : sa mère et sa soeur. En 2006, forte des conseils du photographe Antoine d’Agata, elle donne naissance à la série photographique Troubles : elle s’y dévoile corps et âme. Sa personnalité artistique se retrouvera de façon cohérente tout au long des séries ultérieures. Emmanuelle y pratique l’autoportrait et se met en scène simplement, pudiquement ou au contraire de façon plus provocante, mais toujours épurée, afin d’exprimer une psychologie ambivalente propre à tout un chacun.
Elle continuera cette démarche introspective en précisant ses marqueurs stylistiques dans ses séries suivantes : Mutations puis Illusions en 2010. Au delà des recherches de composition, l’artiste fait preuve d'une attention particulière à la lumière, élément clé d’une photographie captivante. Plus esthétisante et onirique, la série Illusions est une véritable ode à la féminité et à la grâce empreinte de symbolisme caché. La pratique du flou photographique, du bougé et de la multiplication de poses, réalisée de façon artisanale devient un amplificateur de personnalité : l’artiste se mue au fil des clichés tantôt en Ophélie ondoyante tantôt en Eve tentatrice.
Une attention particulière sera portée dans son exposition à Bruxelles aux deux dernières séries : Statues et Muses, réalisées toutes deux en 2015. Reprenant chacune le thème de l’autoportrait et de la mise en abîme, ces séries sont indissociables d’un contexte référent bien particulier. Les diptyques de la série Statues confrontent des cadrages particuliers de la chaire nue de l’artiste avec la nudité d’une sculpture. A quel moment le corps vivant devient-il sculpture? A quel moment la sculpture se fait-elle illusion de la vie? La frontière est finalement très ténue et le mythe de Pygmalion n’est pas loin. Tel Canova recouvrant sa Vénus Borghèse de cire afin de la rendre plus vivante, l’artiste se plait à semer le trouble... allant même jusqu’à rendre sculpturale sa photographie par le biais des accidents aléatoires provoqués par le tirage polaroïd quelque peu malmené.
La série Muses se révèle clé de voûte de la personnalité artistique d’Emmanuelle Bousquet. Le titre de la série fait référence à un théâtre parisien, appelé “Théâtre du boudoir des Muses”, lieu construit sous le Directoire où l’artiste put réaliser cette série exceptionnelle de par ses cadrages précis et ses mises en scènes étudiées. Le lieu à l’époque fut rapidement fermé car les moeurs pratiquées relevaient plus de celles de la maison close que du 6ème art, pour ensuite être réhabilité en couvent au 20ème siècle. Averti de l’histoire particulière de ce lieu, le spectateur pourra apprécier le contraste érotique entre les modèles virginaux aux coiffures alambiquées et les autoportraits fantomatiques de l’artiste dont les volutes sensuelles et provocantes s’opposent aux chaires frileuses et prudes des modèles sculptés par la lumière froide.
Le vernissage de cette exposition aura lieu le mercredi 8 juin à 18h30 en présence de l'artiste.