Marfa © Francois Delebecque courtesy galerie SIT DOWN
Expositions du 12/4/2016 au 11/6/2016 Terminé
Galerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Galerie SIT DOWN 4, rue Sainte-Anastase 75003 Paris France
Exposée pour la première fois, la série Marfa de François Delebecque a été réalisée en février 2013. Ces clichés minimalistes en noir et blanc, aux cadrages précis, décrivent une réalité architecturale rigoureuse où les paysages désertés dégagent toute leur poésie.
Marfa © Francois Delebecque courtesy galerie SIT DOWN
A la manière d’un inventaire austère, François Delebecque avec ses images simples et pures joue à la fois sur l’esthétisme et la photographie documentaire. Il révèle à travers ces photos silencieuses cette incroyable ville musée à ciel ouvert. Un silence rompu par la vidéo réalisée par l’artiste qui sera projetée à l’occasion de l’exposition où le fracas des interminables trains de marchandises qui traversent dix à douze fois par jour la ville d’est en ouest, brise la tranquillité de cette minuscule cité aux allures de décor de cinéma.
Marfa © Francois Delebecque courtesy galerie SIT DOWN
Certains lieux sont plus habités que d’autres. Marfa compte 2000 âmes et un fantôme. Le fantôme se nomme Donald Judd et sa présence tutélaire sculpte les pleins et les vides de la ville. Donald Judd était adepte des formes simples et répétitives. Il parlait la langue cursive de la géométrie. Située à trois heures de route d’El Paso et de tout signe de civilisation, Marfa a constitué pendant trente ans sa retraite et son laboratoire. Il y a forgé son grand œuvre. Cent boîtes en aluminium strictement alignées dans d’anciens baraquements de l'armée américaine. Quinze blocs de béton strictement dispersés sous l’aplat des cieux. Les boîtes aux surfaces réfléchissantes renvoient des clartés dans les profondeurs des baraquements. Les blocs opposent leur opacité à la radiance des jours. La matérialité des œuvres dialogue avec la densité de l’espace et du vide.
Marfa © Francois Delebecque courtesy galerie SIT DOWN
Sous l’œil de François Delebecque, l’étroite Marfa se métamorphose en un sitemonumental. Les architectures art déco et les demeures hispanisantes se dressent comme des temples. Les ombres se croisent à angles droits. Les murs fonctionnent comme des surfaces écran sur lesquels rien ne vient se réfléchir. Sans doute parce que Marfa est un trompe-l’œil, un jeu de pistes dont il faut dénouer les chausse-trappes. Le ballroom local n’est pas une salle de bal mais un centre d’art. La boutique Prada ne vend pas de sacs ni de chaussures car c’est une installation. A rebours, la Pizza foundation ne présente pas d’œuvre puisque c’est une simple pizzeria qui se hausse du col. La ville est un poème mathématique rythmé par l’allitération des fenêtres et la scansion des wagons de chemin de fer qui la traversent quatre fois par jour. Sous l’aplomb du soleil qui accuse les contrastes, François Delebecque a fait de Marfa une ville ouverte sur nowhere et close sur sa propre mythologie.