détail de l’oeuvre de N. Milhé, Amerika, Amerika (2015)
Opus 2 d’une exposition qui s’est tenue en 2014 à la galerie, Looking for Landscape interroge la notion de paysage dans la rechercheplastique de cinq artistes de la galerie.
Sujet même de l’oeuvre pour Angélique Lecaille et Briac Leprêtre, le paysage pour Delphine Deguislage n’est que le prétexte plastique de l’expérience visuelle du déplacement. Avec Parallaxe N4, ensemble de 5 sérigraphies, elle transcrit sa perception du paysage ordinaire entre-aperçu à bord d’un train et photographié lors du déplacement. Les différents plans se confondent, annihilant toute perspective et générant un continuum de couches et de lignes qui s’entrecroisent, s’effacent ou sont interrompus par des verticales ou des éléments construits créant des césures.
Le paysage se trouve sublimé dans le travail de dessin d’Angélique Lecaille. En Touto Nika, monumental incendie s’élevant vers les cieux, met en scène les forces naturelles qui façonnent et modifient le territoire. Le panorama montagneux, nimbé de mysticisme, de The Far Rocky Mountains émergeant des nuées semble surgir d’une hallucination ou d’un songe éveillé. A l’inverse, Briac Leprêtre aborde le paysage sous un angle plus prosaïque à travers ses vues d’architectures utilitaires et d’aménagement de mobilier urbain. Ses lavis retranscrivent l’ordinaire, le familier du territoire rural, loin des images d’Epinal de la campagne et nous convient à observer ce décor du quotidien que nos yeux habituellement soustraient à notre conscience.
Benoit-Marie Moriceau s’attaque à un ouvrage emblématique du paysage nantais, la Maison Radieuse de Le Cobusier, en greffant sur l’une de ses façade en béton une structure d’habitation rudimentaire composée de toiles de tente d’alpiniste et utilisant la palette chromatique de l’architecte. Entre ces deux systèmes d’habitation se noue un dialogue complexe : entre utopie architecturale communautaire et mode de survie individuel, monumentalité et échelle du corps, pérennité et précarité.
Dans sa vidéo Concrète Sunset, Benoît-Marie Moriceau nous propose l’expérience d’un autre paysage, le désert américain. Il convoque notre imaginaire par la voix de Ty Mitchell, un cow-boy de Marfa, Texas, nous invitant à transposer sur ce coucher de soleil un hors champ constitué d’une mémoire collective et individuelle imprégnée des mythes, récits et références cinématographiques de l’Ouest américain.
Lampedusa, île italienne aujourd’hui synonyme de tragédie, est le motif de l’oeuvre Amerika, Amerika, de Nicolas Milhé. Référence au film d’Elia Kazan « America, America », la réitération appelle deux visions antinomiques de l’île : l’image rêvée de la terre d’accueil pour les migrants opposée à la réalité de l’exil et des camps de réfugiés. La pièce de Nicolas Milhé joue sur ces deux registres, magnifiant cette vue aérienne de l’île de Lampedusa et rappelant par son titre le drame que traversent ces hommes condamnés à l’exil.