BANGLADESH ©Gael Turine / VU’–2016 ”Depuis vingt ans, Kojbul mendie a? ce poste frontie?re ou?, chaque jour, environ 300 camions indiens entrent au Bangladesh. Il estime que les chauffeurs indiens l
Expositions du 29/2/2016 au 15/4/2016 Terminé
Bibliothèque Universitaire du Havre 25, rue Philippe Lebon 76600 Le Havre France
Créapolis 79, avenue René Coty 76600 Le Havre France
Deux Tiers France
Bibliothèque Universitaire du Havre 25, rue Philippe Lebon 76600 Le Havre France
Créapolis 79, avenue René Coty 76600 Le Havre France
Deux Tiers France
Le Mur et la Peur : Bibliothèque Universitaire du Havre
Pendant deux ans, en 2012 et 2013, Gaël Turine photographie un mur inconnu long de plus de 3 000 km. Ce mur sépare l’Inde du Bangladesh. Dressé au motif de lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine par les autorités indiennes, il sépare des familles et bouleverse les liens existants de part et d’autre de la frontière. Une personne y meurt tous les cinq jours du fait d’une répression violente.
Quelle que soit l’appellation – mur, barrière ou clôture –, la construction par un État d’une séparation physique avec un pays voisin démontre l’échec de la diplomatie et de la conciliation, laissant la radicalisation l’emporter. Jamais, depuis le Moyen Âge, autant de murs, barrières et clôtures n’auront été érigés à la frontière entre deux pays, ou de plus anciens murs rénovés ou reconsolidés. L’Inde a dressé un mur de séparation de trois mille deux cents kilomètres tout au long de sa frontière terrestre avec le Bangladesh. Fait de briques dans quelques villes frontalières et d’une double haute clôture de fi ls de fer barbelés dans les campagnes et villages, ce mur est le plus long du monde. Cette frontière, sévèrement gardée par la “ Border Security Force ” indienne et la “ Border Guard Bangladesh ”, est également la plus dangereuse puisque, selon les chiff res offi ciels, une personne a été tuée tous les cinq jours au cours de ces dix dernières années. La BSF est accusée d’arrestations musclées, d’actes de torture et de viols. La quasi-totalité des victimes sont des Bangladais qui, pour des raisons économiques, familiales, sanitaires, environnementales..., tentent de traverser la frontière. Comment les blâmer alors que le pays souff re de tous les maux : grande pauvreté, grave surpopulation, fréquentes tensions politiques, catastrophes naturelles récurrentes...
Le rêve d’une vie meilleure l’emporte sur le danger encouru. Le mur à franchir devient le symbole de tout ce qu’ils veulent fuir.
INDE ©Gaël Turine / VU’–2016
”Entre deux patrouilles de la BSF, des Bangladaises descendent du mur de séparation qu’elles ont escaladé de l’autre côté. Elles arrivent les mains vides mais repartiront chargées de produits de contrebande. La BSF indienne accuse les gardes frontaliers bangladais de laxisme de leur côté.“
Voodoo : Créapolis
De l’Afrique de l’Ouest à Haïti et jusqu’en Floride ( États-Unis ), cinq années de travail ont été nécessaires à Gaël Turine pour nous donner à voir le Vaudou au-delà des habituels clichés, “ pour tenter modestement de lui rendre ses qualités intrinsèques qui sont d’abord spirituelles, mystiques et religieuses”, dit-il. L’exposition de Créapolis présentera plus particulièrement des photographies réalisées en Haïti.
Comprendre le vaudou c’est s’ouvrir à ce qu’il donne tout d’abord à penser : l’esclavage racial organisé par la déportation de plusieurs millions d’hommes et de femmes extraits de tout un continent. Pour le maintenir indéfi niment au service de ses maitres, l’esclave devait oublier son origine, son lignage, son clan et l’ethnie d'où il provient. Des règlements divers - émis depuis les métropoles occidentales esclavagistes - interdisaient tout recours aux religions africaines assimilées alors à des pratiques primitives, barbares et diaboliques. Or c’est dans un tel contexte que l’esclave s’évertue à renouer avec l’origine perdue, à récupérer les éléments essentiels du monde africain auquel il a été arraché. Le vaudou ne sera pas pour autant qu’un simple moyen de survie dans les plantations. Il demeure l’expression d’une extraordinaire créativité culturelle à l’instar du gospel, du blues et du jazz dont la valeur universelle ne suscite plus de doute aujourd’hui. Les divinités, les lwa, sont d’abord des forces qui régissent également diverses activités sociales ( naissance, mariage, funérailles, etc ). Entre elles existent des rapports hiérarchiques ou d’opposition et de complémentarité, en sorte qu’elles constituent un véritable panthéon. Il faut leur rendre hommage par des off randes de nourriture et des sacrifi ces d’animaux. Ainsi s’instaure un rapport symbolique entre eux et les humains.
SAUT D’EAU, RÉGION DE L’ARTIBONITE, HAÏTI ©Gaël Turine / VU’–2016
”Saut d’Eau est un lieu mystique important dans le calendrier vaudou haïtien. La chute d’eau est habitée par Ezuli, l’un des principaux lwas (esprits) du panthéon vaudou.“
Les arbres, les rivières, les cascades, la mer, les animaux, les montagnes, les grottes, les carrefours sont tenus pour des résidences des divinités. Ces lwa interviennent dans le corps du vaudouisant, devenant ainsi la monture du lwa pour entrer dans la possession et la transe. Phénomène considéré comme tout à fait normal dans le cadre des cérémonies du vaudou, la possession garde toutefois un aspect étrange et mystérieux ( évanouissement de la conscience, métamorphose du corps en fonction de l’identité du lwa qui chevauche le vodouisant, force physique décuplée... ) qui n’est guère dissipé aux yeux du spectateur. Sans doute chaque crise de possession par les lwa fait du corps de l’individu un lieu de mémoire, où les spectateurs apprennent à connaitre ou reconnaitre les mœurs de chaque lwa dans le panthéon vodou, et à écouter leurs messages.