Renée, Route Paris- Aix les Bains, Juillet 1931 Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL
Expositions du 03/02/2016 au 8/2/2016 Terminé
Paris Expo Porte de Versailles Porte de Versailles 75015 Paris France
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L’exposition présentée à Rétromobile, en partenariat avec la Donation Jacques-Henri Lartigue, est consacrée à la passion de Lartigue pour les automobiles de course. Il a promené son objectif au gré de ses envies, sur les théâtres les plus divers: de la Coupe Gordon-Bennett 1905 au Grand Prix de Monaco 1978 en passant par les Grands Prix de l'ACF de la grande époque, mais aussi la course de côte de Gaillon en 1912, l'inauguration de l'autodrome de Linas-Montlhery en 1924, les courses des "années folles" à Saint Sébastien, La Baule ou au Cap d'Antibes, les 500 miles d'Indianapolis en 1967... même les tournages à Monaco des films The Racers en 1954 et Grand Prix en 1966 avaient attiré sa curiosité toujours en éveil. Lartigue a immortalisé, pour notre plus grand bonheur, les Lorraine-Dietrich, Darracq, F.I.A.T, Schneider, Delage, Peugeot et autres Bugatti ou Alfa Romeo, traduisant par son immense et unique talent cette "chic impression de vitesse".
Grand Prix de l'A.C.F, circuit de Dieppe Automobile Delage
Le Tréport, 26 juin 1912
Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL
Comment penser aux photographies de Lartigue sans penser à « L’auto déformée» comme certains l’appellent familièrement ? Elle est le signe que cette image est devenue presque comme un «logo» de Lartigue. Elle condense, en effet, plusieurs des qualités inhérentes à la photographie de Lartigue : le mouvement, le dynamisme, la modernité et la beauté. Très tôt, Jacques, initié par son père et son frère aîné Zissou, s’intéresse aux courses automobiles. En 1905, toute la famille se déplace en Auvergne pour assister à sa première course, la Coupe Gordon-Bennett. Dès lors, Jacques s’exerce à photographier les voitures en mouvement et dessine de nombreux modèles ou des photographies qu’il a prises dans la journée. Petit à petit, son œil s’aguerrit et avec l’évolution constante de la technique photographique, il obtient des images d’un réalisme surprenant pour l’époque.
En 1912, au Tréport, il écrit dans son journal comment il effectue ses prises de vue : « La première automobile arrive là-bas ! Il y a d’abord une courbe, puis c’est la ligne droite… elle passe devant nous à toute vitesse, c’est formidable ! La seconde arrive. C’est Boillot sur Peugeot. Je la photographie en vitesse (180 à l’heure) en pivotant un peu sur moi-même pour la conserver dans mon viseur, pendant qu’elle passe. C’est la première fois que je fais ça ! Moi, je fais des photographies. Yves (le chauffeur) pointe sur la liste. Madame Folletête dit l’heure et Monsieur Folletête (son précepteur) annonce le numéro. Si bien que nous suivons la course dans tous ses détails. »
Voyage en auto, Zissou et Yves le chauffeur changent une roue
Octobre 1911
Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL
Pierre Darmendrail, dans Lartigue et les autos de course explique la spécificité de l’image: « Non seulement Lartigue a utilisé pour sa photo une technique novatrice, mais il l’a également poussée à l’extrême en allant se placer tout au bord de la route, à très courte distance de la voiture qui passait parallèlement à lui à 140km/h ou davantage. Il est ainsi allé chercher la sensation de vitesse jusque dans son cœur même, se coulant dans le mouvement ultra-rapide de son sujet, d’où le dynamisme et la puissance de cette photo.»
Une question demeure : celle de la légende. Lartigue a collé l’image dans l’album 1912 en la titrant : Automobile Delage, Grand Prix de l’Automobile-Club de France, Le Tréport, 26 juin 1912. Or, d’après David E. Junker, il semble que le véhicule soit une Théophile Schneider qui concourait au Grand Prix de l’ACF 1913. Lartigue s’est-il trompé? Etait-ce intentionnel? Aucune trace dans les écrits de Lartigue ne permet de lever le voile sur ce mystère.