Drifting © Olivier Valsecchi
Il s’agit d’une traversée de l’histoire de l’art, une invitation à revisiter les figures de la peinture classique tels le nu allongé ou la nature morte hollandaise du XVIIe siècle.
Drifting © Olivier Valsecchi
En donnant chair à la Vanité, Valsecchi s’affranchit de la multitude de motifs symboliques afin que le corps humain représente l’unique allégorie de la composition. Dans un style à la fois baroque par sa tonalité et épuré dans la composition, il décroche le nu couché de sa lascivité en le ranimant par un mouvement faisant écho au sable s’écoulant de la clepsydre. L’auteur crée ainsi un espace ténu entre immobilité et glissement, confrontant l’inertie à la latence d’un mouvement finalement nécessaire.
Drifting © Olivier Valsecchi
En élaguant invariablement toute forme de luxe et d’opulence propre au genre, Valsecchi propose une représentation elliptique de l’eau à travers le corps et ce qui l’entoure. Ainsi la table est tour à tour radeau à la dérive ou buffet froid sur lequel les corps pâles et fluides se liquéfient et dégoulinent tels les montres molles de Dali, évoquant la vie fugitive et l’impermanence de chaque instant.
Drifting © Olivier Valsecchi
La blancheur cadavérique de leurs peaux veloutées, leurs visages sans expression, en relief avec leurs derniers efforts d’évasion vers un ailleurs, insinuent un flottement entre abandon extatique et instinct de survie : un ultime spasme, une petite mort.
Memento mori photographique, Drifting évoque de par son titre même un déplacement inexorable comme une transition d’un état à l’autre. Valsecchi relate avec justesse et poésie la fine passerelle reliant l’incarnation à la désincarnation. Il pointe sans détour aucun cet entre-deux proche de l’indicible expérience de mort imminente. Le spectateur se retrouve ainsi invité à se recueillir devant cet être énigmatique, plongé dans un état second, à la fois sublime et éphémère.