© Sophie Knittel
© Sophie Knittel
Entre distanciation et immersion, cette lente plongée dans l’inconscient ravive nos terreurs avec la même force qu’elle les apprivoise. C’est donc bien une lutte à laquelle ces images nous convient, un combat décliné dans des noirs profonds et veloutés et des blancs crayeux. Cette puissance toute en retenue fait peur. Sans doute, aussi, parce qu’elle exprime l’assurance d’un regard prêt à se jeter dans cet univers tellurique dont il a l’intuition. C’est cette justesse qui lui permet d’en déjouer les mécanismes en les poussant à bout d’eux-mêmes. Cette écriture photographique est plus saturnienne que thaumaturgique. Se refusant à la seule suggestion, Sophie Knittel fait face à la monstration et si, elle déterre des symboles, c’est pour en montrer les limites face à une quête de sens authentique. Des profondeurs de l’aube jusqu’au plus glacial de la nuit, cette fiction documentaire extrait le sel de la terre et transpire une violence larvée. A bout de souffle, c’est ainsi que l’on échappe à cette apnée en terre ferme. Pas tout à fait indemnes. L’expérience est éprouvante. Parce qu’elle confronte à ce que chacun s’efforce d’enfouir.