Zahia, Marianne de Pierre et Gilles
Ou comment détourner une figure de la liberté et la réduire à l'alternative caricaturale souvent imposée aux femmes, celle de la maman ou de la putain, de la mère nourricière ou de l'objet sexuel, de Mireille Mathieu ou de Zahia.
Mon corps m'appartient ? Non non Cocotte, ici c'est pas ton choix. Spéciale dédicace à Evelyne Thomas qui pour mémoire fut aussi une Marianne.
Alors bref, passons - ou presque - sur le terreau patriarcal toujours fertile. Car ce qui choque aussi, c'est la récupération qui est faite de cette photographie dans le cadre tendu d'une période post-attentat. Une période où le simplisme, la bêtise et les fausses informations fleurissent plus que jamais. Et la presse de s'emballer sur le symbole d'une jeune fille algérienne qui n'a pas peur de montrer son corps face aux méchants obscurantistes de Daesh. A deux doigts de dire : « Elle au moins elle ne se voile pas ! » Vous aviez dit simplisme ? Islamophobie ? Racisme ?
Alors, avant tout, il semble utile de préciser que le cliché de Zahia Dehar est antérieur aux attentats du 13 novembre puisque publié sur le compte Facebook des deux photographes le même vendredi 13 à 10h14 (dans le cadre notamment de Paris photo qui devait se tenir du 12 au15 novembre 2015 au Grand Palais).
Et puis, Zahia en Marianne. Pas mieux. Pas pire. On a bien eu la néo-frontiste Bardot. Gardons-nous plutôt de surévaluer des symboles qui n'en sont pas !