©Anne-Camille Allueva, The space between, Tirage jet d’encre sur papier mat, 2015
Expositions du 12/11/15 au 12/12/2015 Terminé
La Galerie Particulière 16 rue du Perche 75003 Paris France
"Alors que la culture numérique s’est définitivement installée, certains artistes tentent de refonder une expérience photographique primitive. Comme des chercheurs en physique fondamentale, ils explorent de façon radicale et souvent minimale ce que le médium photographique contient encore de mystère et de possibilités à construire notre rapport au réel. Il s’agit d’artistes d’une nouvelle génération agissant en dehors de tout genre répéré (portraits, paysage, etc.) et de toutes pratiques identifiées (reportage, plasticien, documentaire, etc.), mettant face à face la photographie et les enjeux du monde contemporain."La Galerie Particulière 16 rue du Perche 75003 Paris France
Michel Poivert
« Je cherche à rendre compte en photographie de l’expérimentation des espaces, des objets, du visible. Aux mesures strictes je préfère l’illusion de mesure, à l’image, l’illusion de l’image. Sur le pli entre opacité et transparence, entre objet de l’image et image comme objet, je manipule, tords le référent, le regard, pour questionner l’image et ses processus d’apparition. Indice, Volumes et Tape constituent un premier corps de recherche qui, par la déconstruction de l’usage de la photographie, repose la question de l’image comme mise en jeu de la représentation d’une absence. Par le prisme du document et de la photographie performative, j’utilise l’outil photographique comme un espace / filtre, qui opacifie, trouble, trompe le perceptif. Comme un lieu de transformation, de torsion du visible, qui participe à la mise à distance du référent. Ainsi, les manipulations pensées en vue de l’enregistrement, tentent de déplacer le regard, de déplacer l’objet de la photographie en ne la posant pas comme image de quelque chose, mais comme processus d’image. Par cette mise en jeu du perceptif, je poursuis actuellement mes recherches sur la matérialité de l’image photographique, sa surface, son épaisseur, ainsi que sur la manière dont elle peut venir performer un espace ».
Anne-Camille Allueva
Tom Callemin n’est pas à la recherche d’une réalité mais tente de la reconstruire à travers certains de ses souvenirs. Pour la plupart en noir et blanc, ses images évoquent un sentiment étrange qui ne peut pas être fixé par le temps ni l’espace. Les protagonistes semblent être plongés dans leurs pensées, retranchés dans leur propre monde. Tom Callemin a récemment reçu le Prix Levallois - Jeune création Photographique Internationale.
©Tom Callemin, Visitors, Tirage jet d’encre sur papier satiné Hahnemühle, 66 x 100 cm, 2015
Sylvain Couzinet-Jacques, jeune diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2012, interroge dans son travail une iconographie stéréotypée liée à des territoires et à des individus s’y inscrivant. Des Etats-Unis aux émeutiers, à la crise immobilière espagnole, Sylvain Couzinet-Jacques re-visite, ou plutôt ré-enchante, nos seuils de perception des images. À travers une écriture affirmant un engagement documentaire tout en imposant de nouveaux codes esthétiques, Sylvain Couzinet-
Jacques s’inscrit dans une nouvelle génération de photographes, à la frontière de plusieurs autres disciplines (vidéo, installations sonores...), tout en renouvelant le genre photographique prédominant dans son travail. Son travail a été exposé notamment au BAL, à Paris Photo et à la Galerie du Jour agnès b., au Salon de Montrouge et au festival Kyotographie en 2013, aux Rencontres d’Arles en 2012. Ses photographies ont été distinguées au Prix Leica Oskar Barnack et au Prix Science-Po pour l’Art Contemporain 2014. En 2015, il est le premier lauréat du prix Hermès-Aperture.
Karim Kal aiguise toujours le regard qu’il porte sur la complexité migratoire et son historicisation. Sur des territoires à forte charge documentaire (Quartiers populaires d’Alger, de Lyon, de Région Parisienne), il propose des images paradoxales, décrivant avec précision les caractéristiques matérielles de l’environnement, et dans lesquelles la plus grande part de la composition se perd dans l’obscurité.
"Parlant de sa méthode, Constance Nouvel recourt à une déclaration qui éclaire parfaitement son entreprise: « je choisis des sujets qui peuvent réunir par analogie différents espaces: le photographié, la photographie, et le photographique ». Vaste programme, mais qu’elle conduit avec une rigueur et une inspiration renouvelées. Pas de sujet ou de répertoire iconographique spécifique dans son travail, pas de thème de prédilection ou d’espace à explorer systématiquement. Mais le principe d’une analyse de ce que peut être encore aujourd’hui la photographie, ce médium si propagé. C’est la philologie du photographique qu’elle a donc décidé de questionner, son histoire, ses artifices et ses procédés autant techniques que sémantiques. Pour se faire l’artiste met en oeuvre des dispositifs qui ont à voir avec l’installation et les trois dimensions dans de subtiles mises-en-scène spatiales où la photographie s’empare souvent de l’objet. Ceux-ci lui permettent d’introduire la dimension critique, la distance stratégique, les subterfuges qui sont inscrits dans son travail, soulignés par la présence constante du cadre...
Toutes ses images sont empruntes d’une grâce et d’une délicatesse particulières qui ne dédaignent pas les suggestions de l’imaginaire et de la rêverie, notamment au travers de l’usage récurrent du paysage. C’est un piège: en feignant de nous montrer le monde poétisé, distancé, de ses images, Constance Nouvel nous force en fait à une prise de conscience et, en conséquence, à succomber au charme irrésistible qu’elles exercent sur nous et dans lequel elle nous enferme d’autorité."
Henry-Claude Cousseau