Sacha Goldberger, Bureau, Met my mum
Expositions du 28/10/15 au 19/12/15 Terminé
School Gallery Paris 322 rue saint Martin 75003 Paris France
"Elles aiment les mères, elles adorent. Elles vous prennent dans leurs bras. Elles vous serrent, elles vous enlacent. Vous êtes un roi, une reine. Vous êtes le plus beau, la plus belle. Elles donnent des conseils, les mères. Elles font la morale, décident, tranchent. Elles vous emmerdent. « Il n’y a pas de plus grand amour » que ça, écrivait Albert Cohen. Et Sacha Goldberger met en scène ce grand amour là. À travers dix-sept tableaux photographiques, il nous projette dans une Amérique onirique des années 50, cinématographique, où le temps a oublié sa fuite. On se balade dans les toiles de Edward Hopper et dans un épisode des Mad Men. Des hommes et des femmes traversent des halls et des chambres d’hôtels, des salles d’attente, un bureau, une bibliothèque, un entrepôt, une cuisine, une salle de bain, la pelouse d’un jardin ou une piscine orpheline. Qu’ils lisent, qu’ils se douchent, qu’ils s’habillent, qu’ils travaillent ou qu’ils jouent une partie de croquet, ils semblent étrangers aux lieux, aux autres et au monde. Somnambules, paralysés.School Gallery Paris 322 rue saint Martin 75003 Paris France
Couloir, "Met my mum", Sacha Goldberger
Il n’y a pas de sourire sur leur visage et dans leurs yeux s’emmêlent la mélancolie et un air de fatalité. Parfois, c’est le père qui s’attache au cou de sa fille ou de son fils puisque les pères aussi sont des mères comme les autres. Leurs pieds ne touchent jamais la terre. Les parents flottent comme des ballons d’hélium que l’on retient par la main. Ils sont légers comme des plumes et ils pèsent des tonnes. Ils sont des présences secrètes que personne ne voit hormis ceux qui les regarde. Nous, en somme. Sacha Goldberger photographie la solitude, l’infinie tendresse et le poids des liens de famille. Il photographie comme on réalise une séquence d’un film. Et c’est notre histoire qui se révèle ; et c’est soudain notre mère et c’est soudain notre père que l’on sent s’agripper à notre corps, notre existence, à nos souvenirs d’enfance. Si le temps emporte dans sa course les âmes seules, s’il fabrique les grandes dépendances, il ne peut rien contre l’amour qui n’en finit pas, contre ce grand amour là."
Julie Estève