Serge Clement
Festivals du 3/10/2015 au 31/10/2015 Terminé
La Menuiserie 14, rue du 11 novembre F-12000 Rodez France
Galerie Foch Place Foch. 12005 Rodez France
Espace Culturel Rignac Place du Portail Haut. Rignac France
"Lux et volupté… ou le plaisir évident de la lumière.La Menuiserie 14, rue du 11 novembre F-12000 Rodez France
Galerie Foch Place Foch. 12005 Rodez France
Espace Culturel Rignac Place du Portail Haut. Rignac France
Pour le faiseur d’images, comme pour le spectateur, ce plaisir, c’est d’abord celui de toute création à laquelle la lumière contribue comme principe originel, élément génétique, et matière vivante et mouvante à la fois : parce qu’elle fait sortir de l’invisible, parce qu’elle fait advenir, la lumière est l’objet d’une fascination qui peut se décliner dans autant de réactions – de la sidération passive à l’éblouissement assumé, de l’interrogation inquiète à l’exploration curieuse. La lumière pourrait être comme cette argile prométhéenne à laquelle il ne manque qu’une forme pour être autre chose, et qu’une énergie vitalisante pour être autrement vivante qu’une simple chose. Elle pourrait… Mais la lumière est aussi sa propre énergie : cause première, vecteur, et effet produit, la lumière s’impose par cette polyvalence essentielle comme une matière première particulière, qui est la vie même et qui fait toucher à la vie même de l’image.
Ainsi, on comprendra que le photographe, qui écrit avec la lumière, aura été tenté d’aller plus loin : en écrivant la lumière ; pour nous installer dans le paradoxe du temps arrêté de la naissance et du surgissement, et ainsi cerner les enjeux de son art en buvant directement à sa source. Evidemment la photographie a longtemps vécu sur le malentendu d’une aura quelque peu magique, celle liée à son prétendu pouvoir de tout faire voir et rendre visible : le quiproquo est compréhensible, mais l’histoire a été faite d’aléas techniques menant aux accidents poétiques ; mais l’histoire a été complexifiée par des démarches empruntant des voies plus expérimentales et volontairement éloignées de la simple fonction de reproduction du réel ; et l’histoire a par là fait clairement apparaître toute la fécondité et la puissance évocatoire, profondément suggestive, de cette tension créatrice entre visible et non-visible. Tout photographe sait alors que, dans le champ de la perception comme discours sur le monde, l’enjeu est pour lui de choisir son camp dans l’inexorable combat de l’ombre et de la lumière.
La photographie s’avère dès lors être une sorte de phénoménologie de la sensation visuelle qui ne cesse de renvoyer à une relation au monde et à ces objets qui le peuplent comme autant de formes qui ne demandent qu’à sortir des limbes. La lumière est une belle invitation au voyage et le photographe ce voyageur qui s’embarque pour un pays de formes et de contrastes, pour un ailleurs exotique du regard – ne faut-il pas toujours révéler autre chose… ? Et son retour de voyage est ce retour vers le spectateur pour lequel il se fait passeur : passeur de désir, passeur de plaisir. Car ce que la photographie nous fait partager c’est un état de grâce, c’est l’euphorie voluptueuse de la prise de vue, c’est la jouissance de la capture d’un « devant soi » que l’on sait prêt à disparaître à la vitesse, justement, de la lumière.
D’aucun diront que le photographe est ce « sculpteur de lumière » qui a donné forme et corps, qui a extrait et donné à voir, qui a mis en lumière et exhibé : ce qui reste sûr, c’est qu’il est un sensuel avide, et que la lumière reste, de façon avouable ou pas, son plaisir primitif."
Sylvain Lagarde
Président de l’Association PHOTOfolies12
Guillaume Ducreux