© NASA, ESA, J. Trauger (Jet Propulson Laboratory)
Créature vaporeuse surgie du néant et parsemée d'étoiles, voici le centre de la nébuleuse de la Lagune, distante de 5.000 années-lumières. Les nébuleuses, nuages de poussière et de gaz où naissent les étoiles, sont souvent représentées comme des canevas de couleurs, troués par les lumières d'astres lointains. Pourtant, les coloris de ces images sont pour la plupart bien différents de la réalité. Elles sont sélectionnées par la NASA plus pour l'effet artistique qu'elles produisent que pour des questions d'exactitude scientifique. Ainsi, la nébuleuse que vous avez sous les yeux ressemble davantage à la photo ci-dessous, étant majoritairement composée d'hydrogène, un élément qui produit une lumière rouge. Mais pourquoi une telle manipulation ?
Nébuleuse de la Lagune
© ESO/VPHAS+ team
Pour des raisons esthétiques comme pratiques. L'élément le plus présent dans l'espace étant l'hydrogène, la plupart des nébuleuses seraient rouges sur les clichés. Les sciences de l'espace auraient-elles alors bénéficié d'un tel engouement ? Ses images nous auraient-elles à ce point hanté ? Il existe bien sûr d'autres raisons. Les images d'Hubble et autres sont généralement le fruit de trois prises de vue faites avec trois filtres différents (vert, bleu, rouge). Celles-ci sont ensuite colorées (en vert, bleu et rouge) et superposées. Mais certains objets spatiaux présentent peu de contraste, les gaz les composant émettant des lumières de même teinte. On colore donc arbitrairement ces différents gaz de manière à augmenter le contraste. Ainsi, d'un coup d'oeil, on embrasse la composition chimique du nuage. Certains astres sont photographiés avec des filtres infrarouge ou ultraviolet, donnant un résultat qui ne correspond à aucun élément de notre palette, car l'Homme ne peut détecter l'un ou l'autre. Dans ce cas, les nuances sont choisies selon les goût de celui qui colore l'image.
La Nébuleuse du Chat
© http://hubblesite.org/gallery/behind_the_pictures/meaning_of_color/eagle.php" / NASA, J. P. Harrington (U. Maryland) and K. J. Borkowski (NCSU)
La nébuleuse du Chat, par exemple, est composée d’azote, d’oxygène et d’hydrogène, tous émettant des lumières rouges. Pour cerner ces composants, on a attribué une couleur à chacun et obtenu cette image. Preuve que rien n'est figé, les Piliers de la Création de la nébuleuse de l’Aigle ont subi quelques modifications. Le premier cliché avait été pris en 1995 et on avait alors coloré l'ion (atome ayant perdu des électrons) soufre et l'hydrogène rouges respectivement en rouge et en bleu, tandis que l'ion oxygène gardait sa teinte verte. Mais en 2015, on trouvât plus joli de mettre ce dernier en bleu...
Les piliers de la création de la nébuleuse de l'aigle. A gauche, l'image prise en 1995, à droite celle de 2015.
© 1995 : NASA, Jeff Hester, and Paul Scowen (Arizona State University)
© 2015 : NASA/ESA/Hubble Heritage Team (STScI/AURA)/J. Hester, P. Scowen (Arizona State U.)
Source : http://hubblesite.org/gallery/behind_the_pictures/meaning_of_color/eagle.php" & http://hubblesite.org/gallery/behind_the_pictures/meaning_of_color/eagle.php"