Eva Ionesco photographiée par sa mère © Irina Ionesco
Portrait d'Eva Ionesco photographié par sa mère © Irina Ionesco
Marie-Claude Martin rappelle que L'Oeil de la poupée, autobiographie d'Irina, ainsi qu'un long-métrage réalisé par sa fille en 2011 intitulé My Little Princess, avaient déjà révélé au public les abus commis par la mère (jouée par Isabelle Hupert) et les relations tendues entre les deux femmes, qui ne s'adressent plus aujourd'hui la parole que par avocats interposés. Née d'une relation incestueuse en 1930, la mère avait quitté la Roumanie et s'était installée à Paris à 16 ans. Contorsionniste, puis peintre et photographe, elle s'était fait un nom en capturant sa fille Eva, alors mineure, dans des poses suggestives.
Autoportrait © Irina Ionesco
Le livre de Simon Liberati, censé paraître le 19 août, raconte qu’Irina Ionesco a «prêté, ou plutôt loué, pour ne pas dire vendu, Eva à des amateurs». En effet, Irina confie notamment Eva au cinéaste Giuseppe Murgia qui en fait l'héroine de La Maladolescenza, un film à caractère nettement pédophile. En pleine période de « libération sexuelle », peu s'en offusquent, souligne la journaliste. Mais aujourd'hui, Irina passe pour une mère-maquerelle. En 2012, elle a été condamnée à 10 000 euros de dommages et intérêts pour atteinte aux droits de l'image et à la vie privée de sa fille, et s'est vu interdire l'exploitation de ses photos sans l'autorisation d'Eva.
Même si le livre de Simon Liberati se présente comme un « éloge » de la femme qu'il aime, nous dit Marie-Claude Martin, il place une fois de plus Eva dans la position de la muse, tout en tirant profit d'une histoire sordide. Il est permis de douter que la cour interdira, le 7 août, le « meilleur roman de la rentrée » selon les Inrocks.
Source: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f61e8598-3ad3-11e5-9458-9f31f164eeae/Le_meilleur_roman_de_la_rentr%C3%A9e_sera-t-il_interdit"