Life publie les 11 photos de Capa le 19 juin 1944. © Robert Capa / Life / Google Books
Difficile d’imaginer un Robert Capa paniqué par la pluie de balles qui s'abat devant lui, sur la plage d'Omaha en Normandie. Le photoreporter a déjà couvert la Guerre Civile espagnole (1936-1939), la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945) et une partie de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)… Un habitué des scènes de bataille aux nerfs d'acier, pense-t-on. Et pourtant nombre d’enquêteurs et spécialistes le clament haut et fort : Robert Capa n’aurait pas passé 1h30 sur le front, ni pris 106 photographies mais 11, toutes publiées le 19 juin 1944 dans Life, sous le titre https://books.google.fr/books?id=dk8EAAAAMBAJ&lpg=PP1&pg=PA25&hl=en#v=onepage&q&f=false". Dépassé par l'ampleur des événements, il aurait fui la zone de combat au bout de 30 minutes. John G. Morris, éditeur photo du magazine Life, et Capa auraient alors inventé une histoire de laborantin maladroit ayant détruit les pellicules du photographe pour justifier le petit nombre de clichés pris et dévoilés.
La naissance d’une légende
Voilà la version officielle des faits : le jour du débarquement, Capa, seul photographe à se mêler aux soldats américains, débarque avec eux sur Omaha Beach. Il passe 1h30 à leur côté, photographiant à tour de bras. Après l’événement, il envoie ses quatre pellicules à Life, qui les fait développer. Dans la précipitation, un laboratin peu expérimenté endommage irreversiblement l’émulsion lors du séchage et perd le contenu des rouleaux sauf...11 photos, floues, publiées quelques jours plus tard. Mais pourquoi Capa et Morris auraient-ils véhiculé une telle histoire, inventée de toute pièce ? Pour ne pas écorner leur réputation, explique A. D. Coleman sur https://books.google.fr/books?id=dk8EAAAAMBAJ&lpg=PP1&pg=PA25&hl=en#v=onepage&q&f=false". Les deux hommes et leur empire respectif entretiennent la rumeur, que Capa met par écrit dans un scénario pour le cinéma, créé à partir de sa vie. Romancé, selon Coleman et d'autres spécialistes qu'il interviewe sur son blog.
© Robert Capa / Life / Google Books
Un mensonge mal ficelé
Pour ses détracteurs, le mythe des photos d'Omaha Beach présente plusieurs incohérences. Tout d'abord les 1h30 passées sur place. En croisant les témoignages de soldats et témoins, Coleman a prouvé que ce temps était erronné, tendant plus vers la demi-heure. Concernant l'erreur de manipulation, comment aurait-elle pu épargner seulement une partie du rouleau ? Les demandes de reconstitution du phénomène pour tester sa plausibilité ont toutes été rejetées. Le récit de ce dernier a d’ailleurs changé au cours du temps, la dégradation des pellicules étant d'abord due au contact avec de l'eau de mer, comme l’écrit Robert Capa fin juin 1944 dans une lettre à sa mère et son frère.
Les arguments qui démythifient l'histoire autour de ces photos ne manquent pas… Coleman en a d'ailleurs posté une quarantaine sur son blog. Un coup de plomb dans l’aile de ce récit peut-être un peu trop beau pour être vrai.
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Source : https://books.google.fr/books?id=dk8EAAAAMBAJ&lpg=PP1&pg=PA25&hl=en#v=onepage&q&f=false"