Elina Brotherus, Der Wanderer 2 © Elina Brotherus / Adagp, Paris 2015
Le mot « panorama » naît une première fois en Angleterre en 1787. Il désigne alors une construction circulaire au centre de laquelle le spectateur se place pour découvrir un paysage ou une scène historique, reproduits de façon illusionniste et qui se déploie autour de lui, à 360°. Il apparaît sous un autre jour, en France, en 1830, où il devient simplement l’expression d’un large paysage, d’une vue étendue. Puis son sens rebondit pour devenir la succession d’images qui se présentent à la pensée comme une vision complète ou l’étude quasi exhaustive d’un sujet...
Peter Gales, Colorama : Yosemite Park © Kodak/Peter Gales, DR
Ces différentes acceptions traduisent bien tout ce qui se trouve en substance dans le phénomène panoramique : le rôle central du regard, une certaine appropriation du monde qui en découle, le sentiment de dominer une situation par la simple vision large et entière que l’on peut en avoir... En donnant l’illusion de la réalité au point de parfois la concurrencer, les différentes formes de panoramas posent de fait la question de la construction du regard.
L’exposition J’aime les panoramas, fruit d’une étroite collaboration entre les Musées d’art et d’histoire de Genève et le MuCEM, à Marseille, cherche à montrer comment la notion de panorama dépasse les catégories habituelles de la représentation (beaux-arts, art contemporain, photographie, cinéma, industrie, pratiques amateur...). Issue d’une logique scientifique et militaire avant d’être accaparée par la société du spectacle, l’expérience panoramique pose la question de notre rapport au monde ou au paysage, maîtrisé ou inconnu, au tourisme de masse, à la consommation de points de vue formatés, à l’image comme source de divertissement.
Paul Helbronner, Le mont Blanc depuis le sommet du mont Maudit © Collection C. Corgnet / Ph. Marc Heller
Du premier dessin de panorama déposé par l’inventeur américain Robert Fulton à l’Institut national de la propriété intellectuelle de Paris, en 1799, à l’œuvre 360° Room for All Colours, de l’artiste danois Olafur Eliasson, réalisée en 2002, l’exposition propose un éventail chronologique large. En réunissant des œuvres d’artistes tels que Gustave Courbet, Jan Dibbets, Vincent Van Gogh, Peter Greenaway, David Hockney, Ellsworth Kelly, François Morellet, Gerhard Richter et Jeff Wall, elle souligne la diversité des propositions artistiques influencées ou marquées par la notion de panorama.
Des relevés photographiques des Alpes à ceux des champs de bataille en passant par les papiers peints, les cartes postales ou les films, registres, médiums et univers se mélangent et renouvellent le regard que nous portons sur le monde et sur la fonction du spectateur.
Exposition temporaire, organisée conjointement avec les Musées d’art et d’histoire de Genève.
Commissariat : Laurence Madeline, conservateur en chef du pôle Beaux-Arts, Musées d’art et d’histoire de Genève, et Jean-Roch Bouiller, conservateur en chef, responsable du secteur art contemporain au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée / MuCEM.
Scénographie : Adrien Rovero