Robert Doisneau (1913 -1994), Mademoiselle Anita, Paris 1951, épreuve argentique, don de l'artiste © Robert Doisneau / Rapho
Ce parti pris revendiquait la place d’un art photographique qui, comme une évidence, venait s’écrire au musée Réattu dans la continuité de la grande peinture d’histoire, celle de Jacques Réattu. Lucien Clergue exprimera cette attachement quasi obsessionnel dans les surimpressions de sa fin de carrière qui seront le point de départ de l’exposition, mais revenons au début.
Lucien Clergue (1934-2014), Passion de Réattu, Arles, 2005. Arles, musée Réattu © Lucien Clergue, 2014
Le 28 mai 1965, le musée Réattu préside à la naissance d’un 8e art en devenir et offre ses cimaises à la jeune collection. Arles découvre alors Ansel Adams, Richard Avedon, Cecil Beaton, Peter Beard, Denis Brihat, Jean Dieuzaide, Etienne Carjat, Robert Doisneau, Lucien Hervé, Izis, Germaine Krull, Thérèse Le Prat, Dora Maar, Man Ray, Emmanuel Sougez, Paul Strand, André Vigneau, Edward Weston...
Les décennies suivantes verront entrer Brassaï, Edouard Boubat, Henri Cartier- Bresson, Denise Colomb, Imogen Cunningham, Mimmo Jodice, André Kertész, William Klein, Sarah Moon, Bernard Plossu, Willy Ronis, Jeanloup Sieff, André Villers...
Arnold Newman (1918-2006), Marilyn Monroe, 1962.
Arles, musée Réattu, dépôt des Rencontres d’Arles 2002 © Arnold Newman, 2015. DR
Depuis, 5000 tirages éclairent l’histoire d’une pratique photographique sans cesse enrichie de nouvelles acquisitions qu’il s’agisse de commandes publiques, de dépôts, de dons.
Le développement grandissant de ce département dévore l’identité du musée et appelle au bilan au travers d’une sélection de 250 photographies qui exprimera l’état d’un art mutant au gré d’un parcours animé par un questionnement fondamental : qu’est-ce que la photographie apporte à l’art ? De la photographie narrative à la frivolité de la couleur, la radicalité de l’image s’imposera et permettra d’évoquer le devenir et le développement de cette collection.
Olivier Roller (né en 1971) (de gauche à droite et de haut en bas) photographies d’après la tapisserie Le Colisée de Rome (détail, Arles musée Réattu);
la Tête d’Auguste (Londres, British museum) ; le Portrait en cire de Louis XIV (Versailles, musée national du château) ;
la tapisserie La prise de Carthage (détail, Paris musée du Louvre) © Olivier Roller, 2015
Dans cette perspective la conclusion du parcours reviendra au photographe Olivier Roller qui explore l’incarnation du pouvoir, sa pérennité, sa décadence, sa transmission au travers de portraits d’hommes et de femmes, du passé et du présent. Aujourd’hui, il propose une nouvelle déclinaison du sujet et s’attache à la photographie de l’épiderme des tapisseries conservées dans des lieux emblématiques de puissance économique, politique ou religieuse. A cet égard l’ensemble de tapisseries conservées au musée Réattu constituera le sujet de l’œuvre photographique qui sera présentée dans la chapelle de l’ancien grand prieuré de l’Ordre de Malte. Cette installation soutiendra un développement tangible qui dans les années à venir orientera la collection du musée Réattu autour du rapport de l’image à la matière textile.