Arméniens de Zeytun déportés et momentanément emprisonnés à Marach. © Musée-Institut du Génocide Arménien, Erevan de fonds du NER au profit des réfugiés arméniens. © Library of Congress.
Réfugiés arméniens de Kessab embarquant dans la baie de Bazit
sur des chaloupes françaises pour rejoindre Le Michelet, avril 1909.
© Musée-Institut du Génocide Arménien
Convois de déportés près de Suşehri, près de Zara, sur la route de Sıvas.
© Photographie Viktor Pietschmann, Naturhistorischen Museum, Vienne
Le génocide arménien a tristement inauguré " le siècle des génocides ", ces massacres systématiques perpétués contre les minorités. Le terme est cependant toujours contesté par la Turquie, héritière de l'Empire ottoman depuis 1923, alors que de nombreux pays, comme la France et récemment l'Autriche, reconnaissent officiellement le génocide arménien.
350 photographies sortent des collections du musée-institut du génocide des Arméniens d'Erevan et de la bibliothèque Nubar de Paris. Boris Adjémian, historien qui travaille à Nubar, salue cette exposition « représentative de l'état actuel des recherches scientifiques. » Et pour cause, le commissaire de l'exposition, Raymond Kévorkian, n'est autre que l'historien spécialiste incontournable du génocide arménien.
Camp de concentration de Meskene, sur la ligne de l’Euphrate.
© Photographie Armin Wegner, Pères Mékhitaristes de Venise
Pépites historiques au rendez-vous
Servis par une scénographie sobre, dans un lieu pourtant richement décoré, les clichés exposés témoignent intimement de cet événement tragique. Raymond Kévorkian est reconnaissant de toutes les initiatives de collectionneurs privés pour conserver les moindres témoignages historiques, conscient qu'ils ont essayé de « sauver le patrimoine arménien ottoman.»
Cour intérieure de l’orphelinat d’Alep, 1919.
© Bibliothèque Nubar
Des déportations dans les casernes ottomanes à la construction de camps de réfugiés après les massacres, tout est documenté en photos. Ces clichés mis bout-à-bout représentent un travail d'archive titanesque. Au delà du nombre impressionnant de documents, l'identité des auteurs de ces clichés n'en est pas moins surprenante : il s'agit pour l'essentiel d'officiers, ingénieurs ou professeurs allemands et austro-hongrois en mission sur place.
Quelques raretés photographiques, peu exploitées jusqu'à présent, jalonnent le chemin dans l'exposition. Qui aurait pensé voir un jour la photographie du premier procès après le génocide ? Pourtant, elle trône bel et bien dans la deuxième salle de l'exposition. Son auteur, Auguste Scherl, avait pris la photo au Tribunal de première instance de Berlin en 1921, lors du procès au terme duquel le jeune Arménien Soghomon Téhlirian avait été acquitté, contre toute attente. Il était accusé d'avoir abattu un haut dignitaire turc.
Escadron de Kurdes hamidiye qui jouèrent un rôle déterminant
dans les massacres de 1895. CPA
© Michel Paboudjian
Des photos chargées en émotion
Les clichés font ressortir une intensité émotionnelle inégalable. Le travail impressionnant réalisé par le photographe Vartan Derounian est salué par le commissaire associé, Boris Adjémian. « Ce photographe a su montrer un camp de réfugiés à Alep, de 1922 à 1932, dans les moindres détails. Son travail rend bien compte de la montée d'une diaspora arménienne au Proche-Orient. »
L'émotion est aussi forte lorsque l'on passe devant des dizaines de visages grandeur nature affichés sur des murs blancs, rappelant les stèles des monuments aux morts. Tel un hommage aux milliers d'orphelins du génocide.
Orphelins dans le camp de Meskene 1916.
© Bibliothèque Nubar
Orphelins entretenus par le Catholicossat d’Etchmaidzin.
© Musée-Institut du Génocide Arménien
Charnier découvert par les troupes russes au cours du printemps 1915 dans un village des environs de Van.
© Musée-Institut du Génocide Arménien
1915-2015
Paris a été une terre d’accueil pour les victimes de ce génocide dans les années 20. La dernière salle de l'exposition revient sur l'arrivée des réfugiés en France, à Marseille et en Région Parisienne, à Alfortville, Issy-les-Moulineaux, Arnouville et, à Paris, dans les quartiers de Belleville et de Cadet. Le sort des Arméniens avait touché beaucoup de monde en Europe dans l'entre-deux-guerres, notamment des grandes figures telles que Jean Jaurès ou Aristide Briand. Aujourd’hui encore, l'intérêt du public pour ce génocide n'a pas diminué depuis une quinzaine d'années.
Ouvriers arméniens d’un atelier de montage de chaussures, à Belleville, c. 1926/1928.
© Bibliothèque Nubar
Affiche de W. B. King, collecte de fonds du NER au profit des réfugiés arméniens.
© Library of Congress.
En ce jour du Centenaire le souvenir du génocide est ravivé un peu partout dans le monde. De Los Angeles à Stockholm, en passant par Beyrouth et Paris, les diasporas arméniennes organisent des cérémonies commémoratives. L'exposition à l'Hôtel de Ville se tiendra du 29 avril au 4 juillet 2015 pour prolonger le devoir de mémoire.