© Salvatore Puglia
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A travers cette vingtaine d’œuvres, l’exposition permet de saisir le cheminement de l’artiste depuis ses premières compositions très documentaires de la fin des années 80 jusqu'à ses toutes dernières créations. Les huit œuvres nouvelles prennent assise sur huit animaux sauvages extraits des quelques deux cents planches zoologiques du naturaliste français Georges Louis Leclerc de Buffon (1707-1788), lequel avait pris l’habitude de classer les animaux selon leur degré d’empathie et/ou de ressemblance avec les êtres humains. Il fut ainsi le premier, près d’un siècle avant Darwin, à relever les similitudes entre l’homo sapiens et le singe. Mais alors que Buffon aimait mettre en scène ces animaux dans des décors mythologiques et des vestiges harmonieux de l’Histoire, renvoyant à un état d’innocence presque « Rousseauiste », Salvatore Puglia extrait ces planches de leur décor originel pour leur faire subir une confrontation de choc avec le monde contemporain. Il superpose ou brode même littéralement quelquefois ces animaux sur les photographies implacables de nos environnements dévastés, sur les ruines d’un genre nouveau, produits de l’exploitation industrielle intensive et d’une folie du profit jamais atteinte dans l’Histoire de l’humanité.
Tous les animaux ne proviennent pas des planches de Buffon, certains sont beaucoup plus anciens comme ce bison inspiré de graffitis rupestres du Nevada datant de 11.000 ans avant J. C. ou ce rhinocéros issu des gravures préhistoriques de Valcamonica1. Dans la présentation de son Eden tragique et narquois, en confondant ainsi les éléments les uns aux autres, les époques les unes avec les autres, Salvatore Puglia installe obstinément l’idée que plus rien ne peut être dissocié, que chaque élément est condamné à « contaminer » l’autre, que la décadence de notre civilisation (plus que celle de toute autre civilisation par la passé) ne peut plus, en aucun cas, ouvrir une voie rédemptrice du côté de la nature. Les jeux sont faits. Condamnés nous sommes au purgatoire terrestre, en compagnie de nos bêtes imaginaires.
© Salvatore Puglia
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