Mercredi 15 Avril 2015 11:20:42 par Clarisse Treilles dans Expositions

Sensible au quotidien, au modeste, Robert Milin développe une pratique au sein de laquelle l’individu est central. L’observation et les interactions avec les gens constituent les « matériaux » de ses œuvres. La prise en compte des notions de situation et de contexte n’implique pas pour autant que la question de la production de l’œuvre se dissolve dans un pur jeu relationnel. Au contraire, les modalités de « mise en œuvre » décidées par l’artiste guident le processus de production et la participation de chacun. Stéphanie Sagot, directrice artistique et scientifique, explique en détails le travail réalisé par Robert Milin :

© Robert Milin

Son travail prend deux directions :

- Une première, Une soupe en automne, dresse le portrait filmé d’habitants du territoire autour de leur table domestique à l’heure de la soupe automnale. L’artiste joue ici sur le léger décalage entre le similaire – du cadre, du rituel, des gestes, de l’agencement de la table – et l’unique – des visages, des intérieurs. Cette version contemporaine de la nature morte s’anime pour se mettre en boucle en un temps qui à la fois se répète et s’égraine. Le terme anglais de nature morte, «still-life», peut se traduire par « toujours
en vie ». C’est bien de cela qu’il s’agit ici : capter un instant de vie qui apparaît dans la singularité d’un visage, d’un mouvement, d’un temps.

- Une seconde qui vient compléter la série des Solutions pratiques au sein desquelles il présente des astuces et tactiques domestiques repérées chez des gens au gré de ses rencontres.

Interrogeant l’espace de l’œuvre et l’espace commun, ces propos s’inscrivent plus largement dans les questionnements qui constituent le fil directeur de La cuisine quant à la place de la création dans la fabrique du monde.